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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 14:23

CERCLE DES CHAMAILLEURS

 

 

« PEUT-ON PARLER DE RACES HUMAINES ? »

 

18 MARS 2010

 

Présentation par Paul

 

Pour moi, les choses étaient simples, simplistes peut-être. L’homme est un animal. S’il y a des races chez les chiens, il y a des races chez l’homme. Ou alors, l’homme a été fait à l’image de Dieu et il n’y a plus rien à dire.

 

D’abord, définir les mots : « Deux animaux appartiennent à la même espèce s’ils peuvent se croiser entre eux et qu’il en résulte une progéniture elle-même féconde ». L’humanité est donc constituée d’une seule espèce.

 

Dans cette espèce, y-a-t-il des races ? Deux points de vue :

-          Pour les religions du Livre, tous les hommes soient issus d’Adam et Ève, reconnaissance de la même espèce, avec, pour certains, des races différentes et inégales.

-          La majorité des scientifiques reconnaissent aussi une seule origine à l’homme, située dans l’Est africain et une seule espèce et « les différences entre individus sont telles qu’elles ne permettent absolument pas un classement par « race ». (Albert Jacquard, Tous pareils, tous différents Paris Nathan 1991).

Pour les antiracistes, il n’y a pas de races donc le racisme est absurde. La question est réglée.

L’affirmation des scientifiques repose sur le fait que deux humains pris au hasard ont un ADN identique à 99,9%, aujourd’hui Bertrand Jordan dit 94,5 à 94,6%. Il remarque qu’un taux de divergence de 0,1% correspond à 3 millions de différences réparties sur 3 milliards de bases que contient notre ADN. Ce n’est pas rien.

 

J’ai toujours pensé qu’il y avait des races et que l’existence de races n’entrainait pas obligatoirement une hiérarchie entre elles. C’est ce que dit Jean Pouillon, de « Race et histoire » de Lévi-Strauss : « L’erreur est de croire que pour nier le privilège, il faut considérer comme négligeable la différence à laquelle on l’attache indument et affirmer une essence humaine toujours égale à elle-même ».

 

Pour Bertrand Jordan, la race « évidente » qui s’appuie sur des signes physiques, est une construction culturelle qui prétend avoir un fondement biologique et justifie la domination d’une partie de la population sur une autre. C’est inacceptable, surtout cela a servi à justifier les pires atrocités. Ce n’est cependant pas un argument scientifique même si c’est sous tendu par une déterminante expérience historique : la Shoah.

 

Races et racisme

Dans l’Antiquité, les types humains différents ne sont pas fondés sur l’apparence mais sur la naissance ou la guerre.
Race à propos des humains apparaît pour la première fois en 1684 chez un médecin montpelliérain François Bernier. Le Code noir (1685) ne parle pas de race mais « d’esclaves nègres » et interdit le mariage de Blancs et Noirs.
Le racisme moderne date du XVIIIème siècle, des Lumières, et surtout de l’instauration de la première démocratie aux Amériques.
Gobineau (1816-1882) examine l’origine de l’humanité et des races puis démontre leur inégalité en force, en beauté et surtout en intelligence. Bien sûr, les Blancs sont plus beaux, plus intelligents, plus forts… et parmi les Blancs, bien sûr les Français, au point même que parmi les juifs, les juifs européens et français.
Cet ethnocentrisme est contesté par Lévi-Strauss ;
« La civilisation occidentale… s’est révélée comme le foyer d’une révolution industrielle dont, par son ampleur, son universalité et l’importance de ses conséquences, la révolution néolithique seule avait offert un tel équivalent.
La révolution néolithique doit inspirer quelque modestie quant à la prééminence d’une race, d’une région ou d’un pays. La révolution industrielle est née en Europe occidentale, puis États-Unis et Japon demain sans doute elle surgira ailleurs ; d’un demi-siècle à l’autre, elle brille d’un feu plus ou moins vif dans tel ou tel de ses centres. Que deviennent à l’échelle des millénaires, les questions de priorité dont nous tirons tant vanité ?

A mille ou deux mille ans près, la révolution néolithique s’est déclenchée simultanément dans le bassin égéen, l’Égypte, le Proche-Orient, la vallée de l’Indus et la Chine. La simultanéité d’apparition des mêmes bouleversements technologiques, suivis de prés par des bouleversements sociaux, sur des territoires aussi vastes et dans des régions aussi écartées montre bien qu’elle n’a pas dépendu du génie d’une race ou d’une culture mais de conditions si générales qu’elles se situent en dehors de la conscience des hommes »
Francis Galton (1822-1911) invente l’eugénisme. La qualité génétique des sociétés occidentales menacée par l’importante fécondité des classes inférieures, il faut donc améliorer le patrimoine héréditaire des nations, en décourageant la reproduction des pauvres. Des pays démocratiques S, N, Dk, Fl et États-Unis ont eu recours à la stérilisation de personnes dont le patrimoine génétique était considéré comme inférieur.

L’inégalité des races, même après l’abolition de l’esclavage, sert à justifier la colonisation et la mission civilisatrice des nations européennes.

Ernst Haeckel, 1874, met le Noir au sein des anthropoïdes avec le chimpanzé, l’orang-outang et le gorille.
Pour le Club de l’Horloge, la race est une réalité biologique avec inégalité et hiérarchie naturelles. Elle est « une population naturelle dotée de caractères héréditaires, donc de gènes, communs ». C’est vrai pour l’animal mais non pour un animal social comme l’homme chez lequel la culture a un rôle fondamental.

Pour Jean-Luc Bonniol, la société étasunienne est racialement structurée depuis la traite par suite d’une coïncidence historique (esclaves = Noirs) devenue une idéologie (Noirs = esclaves). Ceci a structuré la société esclavagiste et post esclavagiste. Dès les premiers recensements la race est enregistrée.

En 1920, la « one drop rule » fait de toute personne ayant une goutte de sang noir une personne noire. En 1970, le choix s’élargit : Blanc, Noir, Amérindien, Japonais, Chinois, Philippin, Hawaïen, Coréen ou autres.
En 2000 et 2010, on peut se déclarer de plusieurs races : c’est le cas de 3% des personnes en 2000.

 

Il n’y a pas de races humaines pour les biologistes, la diversité génétique au sein d’un groupe humain est généralement plus grande que la divergence moyenne entre populations différentes. Ceci est dû, notamment, à l’apparition récente (200 000 ans) de l’espèce humaine, Homo sapiens sapiens.

Le dernier ancêtre commun aux hommes et aux singes date de 6 à 7 millions d’années. Les grands singes ont abouti à l’orang-outang, au chimpanzé et au bonobo. Ces deux espèces sont si proches de l’homme que certains proposent de les rattacher au genre Homo et non au genre Pan (singes).

 

L’homo sapiens sapiens parti de l’Afrique de l’Est, il y a 50 à 60 000 ans ; est un homme très proche génétiquement et morphologiquement de l’homme moderne. Les différences constatées aujourd’hui se sont installées en un temps court : 100 000 ans par plusieurs mécanismes : effet fondateur, dérive génétique et sélection

Ceux qui se séparent du groupe primitif emportent un échantillon génétique, pris au hasard. Un caractère rare dans la tribu d’origine peut devenir prépondérant au sein de ce groupe. C’est l’effet « fondateur ». D’autant pus important que la population d’origine est hétérogène et le groupe fondateur restreint.
Si une mutation apparaît chez un de ces migrants, elle se retrouve dans une fraction importante des descendants : c’est la « dérive génétique ».

Par exemple, la couleur de la peau due à la mélanine : un des gènes impliqués est trouvé chez 90% des Africains alors qu’un gène différent se retrouve chez 98% des Européens. Une telle spécificité est rare. La peau brune protège des effets du soleil, notamment du cancer, la peau blanche fabrique de la vitamine D contre le rachitisme. Nos ancêtres viennent d’Afrique, ils étaient noirs. Ce sont les Européens que la sélection a fait blanchir.

La tolérance au lactose : en l’Europe, surtout du Nord et aux États-Unis population majoritairement venue d’Europe du Nord, les populations conservent à l’âge adulte une lactase fonctionnelle et peuvent digérer le lait. Par manque de lactase, en Afrique la grande majorité des adultes ne tolère pas le lait.

Dans bien des groupes primitifs, le chef s’attribue les meilleures femelles et sa progéniture a plus de chances de survivre. Toute société a ses critères qui peuvent avoir en quelques générations, par sélection sexuelle, une influence sur l’assortiment de gènes, augmenter les uns, diminuer les autres. Cela joue surtout sur des critères d’apparence, l’aspect des humains est plus variable que le patrimoine génétique, très homogène.

Rien n’autorise cependant à dire que les gènes varient d’un groupe à l’autre seulement pour des différences superficielles.

 

Ce processus en se prolongeant aurait pu faire apparaître des races humaines et, beaucoup plus tard, des espèces différentes. Mais le temps écoulé est trop court.

 

Lignée maternelle et paternelle

Il est possible de reconstituer la lignée maternelle par l’ADN des mitochondries qui viennent exclusivement de la mère et la lignée paternelle par le chromosome Y.

Une étude individuelle peut préciser l’origine d’une personne et dire si elle a des ancêtres principalement Européens, Africains, Asiatiques, lui trouver, par exemple, une ascendance asiatique avec une contribution européenne de 20% environ. On peut ainsi répartir les personnes en 5 ou 6 grandes catégories bien que la diversité au sein de chacun de ces groupes soit nettement plus élevée que celle qui les sépare. Tout ceci peut renforcer la croyance en un fondement biologique de l’idée vulgaire de race mais les analyses mettent en évidence les ascendances mixtes et montrent que « ces races » ne sont pas des entités étanches et séparées. Contre l’idée de race pure, nous sommes tous des « métis ».

Ces catégories humaines,  assez floues, ne permettent pas de dire que « l’humanité peut être divisée en races ». Et encore moins que ces « races » sont inégales.

En 1952, Claude Lévi-Strauss disait déjà: « Rien dans l’état actuel de la science ne permet d’affirmer la supériorité ou l’infériorité intellectuelle d’une race par rapport à une autre » (Races et Histoire).

 

Remarque : récemment (CI 11-17/03/10) des test ADN ont montré que les Lembas qui, selon leur tradition, ont des ancêtres juifs qui ont fui la Terre promise il y a 2500 ans, ont des origines partiellement sémites.

Dans un article (CI 04-10/03/10), « Les Basques ne sont pas ce qu’ils croient être… le génome des Basques ne diffère pas de celui des autres populations espagnoles. Les recherches sur 144 marqueurs génétiques présents chez des Français, des Espagnols, des Nord-Africains, des Basques espagnols et des Basques français n’ont pas montré de différences notables. Les Basques espagnols ressemblent plus aux Espagnols des autres régions qu’aux Basques français ».

Races et maladies - Les hommes sont, biologiquement, différents mais pas égaux. C’est évident pour les maladies. Il existe une gradation qui va du déterminisme génétique le plus strict de certaines maladies à l’influence la plus tenue. Certaines maladies (monogéniques), dépendent d’un seul gène comme l’hémophilie ou la mucoviscidose.

Quelques fois, elles sont plus fréquentes dans certaines populations comme l’hémochromatose liée à un gène du chromosome 6. Seuls les homozygotes porteurs des deux gènes mutés sont handicapés. Cette mutation est probablement apparue, il y a 60 à 70 générations en Scandinavie. Les Vikings l’ont répandue sur les cotes nord de l’Europe et Bretons et Vendéens l’ont portée au Québec (10% de porteurs). La Maladie de Tay-Sachs (grave retard mental, paralysie progressive, cécité, décès précoce) est trouvée presque exclusivement chez les juifs ashkénazes, 1 cas pour 3 000 naissances et son lien avec un gène du chromosome 15 a été identifié.
Les choses sont en général plus complexes, affections multigéniques, la probabilité d’avoir une affection peut être multipliée par 3 à 10 : Alzheimer ou cancer de l’intestin. Il est probable qu’il existe des différences génétiques pouvant influer sur le psychisme, le comportement ou les aptitudes. Ces différences impliquent certainement un grand nombre de gènes.

HTA, K de la prostate, du poumon sont plus fréquents aux États-Unis chez Noirs que chez Blancs qui sont plus atteints par cancer de la peau et ostéoporose. Le K de la prostate plus fréquent chez les Noirs peut orienter le dépistage (cf Le Monde).


Le risque thromboembolique veineux est 3 à 6 fois plus élevé chez les porteurs du facteur de coagulation du type « V Leiden », mutation absente chez les Africains et les Asiatiques, 5% chez les Européens.
La délétion du gène codant pour une protéine de surface des GB contre le VIH est quasiment spécifique des personnes d’origine européenne, complètement absente chez Africains et Asiatiques. Les homozygotes sont totalement résistants à l’infection.

Maladie ethnique aux États-Unis ? L’incidence plus élevée de certaines maladies chez les Afro-américains peut faciliter la mise sur pied d’un essai car l’incidence plus élevée donne des résultats plus rapides. Cette démarche a l’inconvénient de paraître donner une justification scientifique aux distinctions raciales.

L’insuffisance cardiaque atteint bien plus souvent les Noirs que les Blancs avec un taux double de mortalité après 65 ans. Des études sur un médicament ont noté un léger mieux chez les insuffisants noirs. D’où dépôt d’un brevet ethnique. Le brevet généraliste, tombé dans le domaine public, le brevet noir est toujours valable et une certaine vogue des médicaments ethniques. A partir de là, retombées idéologiques et financières. La commercialisation de médicaments, avec l’aval d’une autorité officielle, la FDA, réservés aux Noirs suggère fortement que les races existent.

 

Rien ne prouve que les différences observées dans l’état de santé des communautés aux États-Unis soient génétiques. Tout indique que le social…

 

Où je retrouve mes chiens, chez lesquels existe indubitablement des races, « ensemble d’individus ayant une part importante de leurs gènes en commun et qui peut être distingué des autres races d’après ces gènes ». Le chien, premier animal domestiqué par l’homme (15 000 ans), l’a suivi et s’est répandu à la surface de la terre : 350 races dont la pureté jalousement surveillée.
Le nombre de différences à l’intérieur de l’espèce, 1 pour 1000 bases, est proche de celui de l’homme, ces différences existent essentiellement entre les races qui sont très homogènes. L’analyse de 2 ou 3 marqueurs d’ADN permet de déterminer son appartenance avec une fiabilité supérieure à 99%.
Cette forte spécificité des races canines est due à la sélection qui repose sur un élément morphologique ou sur un comportement. Deux ans séparent la conception d’un chien de sa maturité ce qui veut dire 50 générations en un siècle, contre 3 ou 4 pour les humains (10 000 ans pour le chien =
100 000
ans pour l’homme).
Devant cette multiplicité de races, peut-on dire qu’un labrador est supérieur à un épagneul ? Cela dépend pour quoi faire. De même, il est possible qu’un humain soit mieux adapté qu’un autre à une situation et moins adapté ailleurs.

Il est intéressant de noter que si Bertrand Jordan dit que chez l’homme la diversité est plus importante au niveau de la « carrosserie » qu’au niveau du « moteur », il ne dit jamais que c’est la même chose chez l’animal ou que la carrosserie permet de différencier des races animales et qu’elle peut être liée à la différence des moteurs. On fait la différence entre un labrador et un berger allemand à la carrosserie et on en déduit que le moteur, lié à la carrosserie, est différent.

 

Races et aptitudes.
Le rôle prépondérant joué par la culture chez l’homme rend difficile de démêler dans les performances ce qui découle de l’ADN ou du milieu.

Les marathoniens de la Rift valley province…

Il n’est pas exclu que des facteurs génétiques soient en cause, notamment dans les courses d’endurance. Les records mondiaux, du 1 000 mètres au marathon, sont détenus par des athlètes originaires de l’Afrique de l’Es, natifs d’une région de la Rift valley province et appartenant à la même tribu. Leur métabolisme se caractérise par une accumulation lente du lactate à l’effort.

Les sprinters de l’Afrique de l’Ouest dominent les distances du 100 au 400 mètres, ils ont des niveaux élevés d’ enzymes qui favorisent le fonctionnement du muscle en l’absence d’oxygène.

Ces caractéristiques sont elles innées ou acquises ? Les études génétiques n’ont pas, pour l’instant, donné des résultats probants.

Il est vraisemblable qu’on finira par trouver des éléments génétiques contribuant, notamment dans le cas des coureurs kényans…

 

 

Les vrais et faux jumeaux

Autisme : la concordance entre vrais jumeaux (probabilité que le second soit si le premier est) est de 60 à 90% entre vrais et de 10% entre faux. Composante génétique aussi dans schizophrénie et psychose maniacodépressive. Mais impossible pour ces maladies de définir un gène responsable de l’affection.

Les études de jumeaux ont montré que les tendances de personnalité (extraversion, anxiété…) étaient dans une certaine mesure héréditaires, que le rôle de l’histoire personnelle était sans doute moins fort que précédemment admis.

La catégorie ne défini pas la personne

Il est possible, sans doute probable, que quelques centaines de gènes prépondérants au sein d’une population la distinguent des autres. Que cela induise des variations dans les aptitudes de ce groupe, en moyenne, par rapport aux autres. A supposer qu’elle puisse un jour être démontrés sans ambigüité, une telle différence ne s’appliquerait en tout état de cause qu’à la moyenne du groupe, non à chacun de ses membres, pris individuellement.

En clair, cela veut die que les hommes sont en moyenne plus grand que les femmes mais qu’un homme pris individuellement est plus grand que les femmes.

Que dit Bertrand Jordan

1)     Les races humaines au sens strict n’ont pas d’existence biologique : l’appartenance de chaque individu à une race, en fonction d’éléments physiques aisément identifiables et lui attribuant des attitudes et des comportements spécifiques et héréditaires, n’est pas tenable au vu de l’analyse de nos génomes.

2)     L’ADN permet de définir des groupes d’ascendance aux limites floues. La variabilité à l‘intérieur d’un groupe est plus grande que la divergence moyenne d’un groupe à l’autre. Une étude peut dire l’appartenance d’une personne à ces ensembles qui correspondent aux grandes catégories géographiques : Afrique, Asie, Europe.

3)     Il existe des écarts entre ces groupes quant à l’incidence de certaines maladies dont quelques unes présentent une part génétique indiscutable.

4)     Il est concevable que certaines aptitudes « innées » varient en fonction du groupe d’ascendance mais n’ont pas été démontrées jusqu’ici.

 

Au niveau individuel, les êtres humains diffèrent les uns des autres, inégaux face à la maladie et, probablement, quant à certaines aptitudes innées. L’égale dignité de tous les êtres humains n’est pas de l’ordre de la biologie mais un choix politique fondamental.

 

Il n’y pas de races, pourquoi des statistiques ethniques ?

 

L’idéologie dominante en France proclame que les races n’existent pas. Une loi fait du racisme un délit. Mais tout le monde sait que des étrangers et des Français, immigrés ou non, sont victimes de discriminations du fait de leur apparence : boites de nuit, embauche, logement. Et cela ne date pas d’aujourd’hui.

Cependant certains milieux de la recherche et de la politique veulent mener des études qui incluent les caractéristiques « raciales » ou « ethniques » pour chiffrer ces discriminations, proposer des politiques et pouvoir mesurer leur efficacité.

 

D’où viennent les statistiques ethniques

Elles viennent de la société esclavagiste des États-Unis. Mais entre 1995-2004, 95 pays sur les 147 de l’ONU interrogeaient sur l’appartenance/origine, 14 sur les 27 pays de l’UE (Elena Filippova).
Elles ont été introduites seulement en 1981 au Royaume-Uni, pays plus marqué par l’influence étasunienne mais aussi par une longue pratique de l’esprit communautaire depuis la notion même de Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles…), par l’esprit colonial, « indirect rule », et le respect des communautés immigrées.

L’histoire française, différente, allie « universalisme » (égalité) et « colonialisme » (inégalité) ainsi que « laïcité » (le particulier chez soi, le général à l’extérieur).

Difficultés techniques

Les statistiques « ethniques » sont très différentes d’un pays à l’autre. Les États-Unis ont commencé avec des catégories assez simples qui ont évolué avec le temps. Les termes employés sont différents suivants les pays : race, ethnicité, groupe ethnique, culture, peuple, tribu, caste, nationalité, groupe indigène, peuple autochtone, couleur, phénotype…
Les États-Unis utilisent  « origine ethnique », pour désigner l’origine nationale : Italian, Dominican, Haïtian, Korean, Libanese, Nigerian, Mexican et une catégorie « race » pour White, Black (et non Jaunes ? de même au Canada et au RU) mais Chinese, Japonese, Korean, Vietnamese. Pour les « spanish », deux questions : une Hispaniques, l’autre sur la race (Stéphane Jugnot, Elena Filippova).

En Hongrie : des questions sur la langue, la religion précèdent la question « auxquelles de ces nationalités pensez-vous appartenir ? »

Au Canada, on peut se reconnaître dans 4 catégories (Elena Filippova)

Les classifications en Russie sont héritées de la pensée scientiste d’un État impérial puis colonial. La classification ethnographique, linguistique et culturelle est passée de 128 à 192 catégories entre 1989 et 2002.

L’Inde ne compte que les catégories bénéficiaires de certains avantages (Elena Filippova).

Ces catégorisations ne sont donc pas scientifiques mais des catégories d’État (Stéphane Jugnot).

 

Conséquences des statistiques ethniques

Pour Elisabeth Badinter, le risque est d’enfermer « une personne par définition complexe dans une identité figée et réductrice ». Pour Jean-Loup Amselle : « Mesurer la diversité, ce n’est pas seulement l’enregistrer, c’est aussi la faire advenir, la créer. Identifier les personnes discriminées, c’est bel et bien créer des identités ». Une fois imposée, les catégories deviennent d’usage plus courant. Elles figent (Elena Filippova).

Les statistiques ethniques seraient porteuses d’une société fragmentée selon les origines, aboutissant à la concurrence entre « communautés » avec chacune ses lobbies, ses victimes, ses exclusions, son entre-soi, sa solidarité limitée. Une fois entré dans les classifications, difficile d’en sortir.

Mais comment prendre en compte que certains peuvent se constituer « en tant que » pour refuser d’être traités « comme ». Ce qui peut être illustré par « négritude ». A condition de ne pas s’y enfermer mais de se dépasser.(Jean-Luc Bonniol).

Diversité ou diversion ? Les questions sur l’origine portent sur tout sauf sur l’origine sociale : origine nationale, géographique, culturelle, linguistique, religieuse, raciale (Maryse Tripier).

Les Noirs constituent 13% de la population des États-Unis. Si, demain, ils constituent 13% de s riches et 13% des pauvres, la question sera-t-elle réglée ? Il y aura autant d’inégalités qu’avant, le fossé entre riches et pauvres sera toujours là, aura disparu le fossé entre Noirs et Blancs (Walter Benn Michaels). La diversité n’est pas un moyen d’instaurer l’égalité ; c’est une méthode de gestion de l’inégalité.

La « diversité » est pour certains un des mécanismes d’accès à des positions de pouvoir politique, économique et symbolique pour des groupes sociaux en cours de formation d’une fraction des classes moyennes (Smaïn Laacher), la beurgeoisie. Ceux qui s’en sortent ne règlent pas l’avenir de ceux qui restent et restent la majorité.

Il y a peu de Noirs à Harvard mais encore moins de pauvres. A même revenu familial, les Noirs ont de moins bons résultats scolaires que les Blancs dans de nombreux domaines. A même revenu par le patrimoine familial, la richesse accumulée, l’écart entre les Noirs et les Blancs disparaît. Les Noirs ne sont pas exclus des grandes universités à cause de la couleur de la peau mais en raison de leur trop faible patrimoine familial (Walter Benn Michaels).

En France, la lutte contre les discriminations  (SOS Racisme) est apparue après le tournant libéral de 1983, renforcée par l’influence de l’Union européenne libérale. La lutte contre le racisme et le sexisme est compatible avec le libéralisme économique.
La question de l’identité nationale – promue par Sarkozy, combattue par les Indigènes) – facilite en le masquant l’accroissement des inégalités. La volonté de créer une société aveugle aux couleurs a été remplacée par la volonté de créer une société « diverse », c'est-à-dire consciente des couleurs. Le problème posé est l’inégalité, la solution proposée est l’identité.

Les inégalités entre Blancs et non-Blancs, hommes et femmes, hétéros et homos, découlent avant tout de discriminations et de préjugés qu’il faut éliminer. Mais les inégalités entre riches et pauvres, patrons et ouvriers, ne trouvent leur origine ni dans le racisme, ni dans le sexisme : elles résultent du capitalisme et du libéralisme. En matière d’inégalité économique, le racisme et le sexisme fonctionnent comme des systèmes de tri : ils ne génèrent pas l’inégalité elle-même mais en répartissent les effets (Walter Benn Michaels).

Aux États-Unis, la pauvreté se maintient : chez les Blancs, 8,2%, les Asiatiques 10,2%, les Hispaniques 21,5% et les Noirs 24,5%. Ces chiffres témoignent de l’importance de l’héritage raciste. Ils laissent entendre que la discrimination est la principale cause de la pauvreté. Ils impliquent qu’il suffirait de mettre un terme à la discrimination pour en finir avec la pauvreté.
Sur les 37,3 millions de pauvres aux États-Unis, 43% sont blancs (2007). Ils ne sont pas victimes de la discrimination raciale. La discrimination ethnique n’est pas leur problème, la diversité n’est pas leur solution.

 

 

 

 

 

 

 

Résumé de la discussion (préparé par Yvonne)

 

 

La présentation de Paul s’est appuyée, en partie, sur les ouvrages suivants :

 

- L'humanité au pluriel. La génétique et la question des races de Bertrand Jordan Science ouverte, Seuil 2008

 

-: La diversité contre l'égalité de Walter Ben Michaels, Raison d'agir 2009

 

- Race et histoire Lévi-Strauss Folio essais 1952

 

- Le retour de la race. Contre les statistiques ethniques. Carsed 2009

 

-  De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française. Sous la direction de Didier Fassin et Eric Fassin , La Découverte

 

Une bonne partie de la discussion a porté sur la question de base : Y a-t-il ou non des races ?

Dans la mesure où la dispersion des ADN ne fait pas apparaître de groupes distincts, on est tenté de penser que l’espèce humaine, qui, elle, est UNE, ne comporte pas de races et que, seule, la répartition des groupes sur la terre a induit des différences morphologiques. Sur ce point, tout le monde est d’accord sur le fait que, s’il y a des races, il n’y a aucune hiérarchie entr’elles.

 

Il a été montré aux Etats-Unis que les blancs étaient supérieurs aux noirs (au niveau du QI) : les tests utilisés pour aboutir à cette conclusion étaient, bien entendu, adaptés à la culture occidentale, ce qui enlève toute crédibilité aux résultats obtenus.

 

Parler d’ethnie est souvent une plus noble manière de parler de race ; pourtant la notion d’ethnie est plus large que celle de race, car elle inclue la culture en plus de la biologie. D’ailleurs, pour les anthropologues, la culture est le seul paramètre de différenciation des races (ou des ethnies).

 

Au niveau individuel, les êtres humains diffèrent les uns des autres, égaux face à la maladie et, probablement face à certaines aptitudes innées ; l’égale dignité de tous les êtres humains n’est pas de nature biologique, mais un choix politique fondamental.

 

La diversité ethnique et les inégalités sociales sont deux notions distinctes ; aux Etats-Unis, il y a 13 % de noirs ; le jour où il y aura 13 % de noirs parmi les riches, on aura résolu le problème de la diversité ethnique, mais on aura toujours celui des inégalités sociales. Les progrès enregistrés dans la lutte contre les discriminations ethniques ne résoud en rien les inégalités sociales.

 

 

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L
Le pédagogue :<br /> <br /> <br /> « Ô humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d’entre vous auprès d’Allaah est le plus pieux ».<br /> Les croyants et les croyantes (almouminoune wa almouminaate) font de leur mieux pour mieux saisir le Sens et renforcer le Lien.<br /> Mais d’innombrables personnes, partout, rejettent le Vrai et s’attachent au faux.<br /> Concernant les humains, elles épiloguent, encore et encore sur « les races qui composent l’humanité », se lancent dans des théories erronées, se perdent dans des discours absurdes, répandent des sornettes, prennent des vessies pour des lanternes, alimentent et entretiennent le blâmable.<br /> Les bavardages stériles, les divagations hystériques, les discours mensongers, les commentaires désobligeants, les déclarations arrogantes, les campagnes de dénigrement, les insultes continues, les vexations répétées, les sous-entendus outrageants, les élaborations humiliantes, les propagandes malfaisantes, les tromperies constantes, les combinaisons funestes, les amalgames cruels, les menaces ouvertes, les attaques brutales, les entreprises de démolition et autres ne peuvent en rien, modifier ce que Allaah a décidé.<br /> « Et dis : ʺLe vrai est venu et le faux a disparu. Le faux est destiné à disparaîtreʺ ».
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