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23 février 2008 6 23 /02 /février /2008 17:33

Cercle des chamailleurs

17 janvier 2008

 

LE CAPITALISME EST-IL MORAL ?

(1ère partie)

 

Présentation par Michel

 

 

Présentation à partir du livre d’André Comte-Sponville « Le capitalisme est-il moral ? » (Albin Michel, 2004), issu de plusieurs conférences de l’auteur prononcées devant des publics très différents : étudiants et enseignants d’écoles de commerce ou de management, membres d’associations ou cadres d’entreprise.

 

Il s’agit de réflexions d’un philosophe et non d’un économiste, sur les rapports entre la morale et l’économie.

L’auteur part du constat que « le bien » (au sens moral du terme) et « les biens » (au sens économique) ne font pas toujours bon ménage !

On parle beaucoup, notamment dans la presse, d’un retour de la morale qui est devenue un sujet à la mode, ce qui s’accompagne d’un certain nombre de confusions.

 

Pourquoi ce retour de la morale ?

 

1. Il distingue deux périodes qui correspondent à deux générations différentes et aussi à deux erreurs :

-         en 1968, la morale n’était pas une préoccupation pour les jeunes, et la mode était plutôt à l’immoralisme et à la libération tous azimuts. Il était « interdit d’interdire ». Il y avait, spécialement dans la jeunesse étudiante, ce qu’on peut appeler une idéologie du tout politique : non seulement tout était politique mais la politique était tout  et une bonne politique semblait la seule morale nécessaire.

            Une action était considérée comme moralement bonne si elle était politiquement juste.             La morale et le devoir appartenaient à l’idéalisme     petit-bourgeois.

-         Depuis deux décennies, la politique n’intéresse plus grand monde et surtout pas les jeunes. Pour eux, elle prend l’aspect des « Guignols de l’Info » ! Par contre, on observe un retour de préoccupations de type moral, souvent rebaptisées aujourd’hui en « droits de l’homme », « humanitaire », « solidarités ».

            Les personnalités les plus populaires au cours des dernières années étaient par exemple, l’Abbé Pierre ou Bernard Kouchner alors qu’en 1968 (dans les années 60-70) c’était par exemple Che Guevara.

A chaque fois, ou presque, face à des problèmes qui sont collectifs, sociaux et donc politiques, la tendance, depuis deux décennies, est d’apporter des réponses individuelles, morales (les restaurants du cœur, Médecins sans frontières, SOS Racisme,…).

Ces deux conceptions, opposées, correspondent à deux erreurs. La morale et la politique sont deux choses différentes, l’une et l’autre sont nécessaires mais ce changement est le signe d’une crise majeure de la politique.

On aurait pu penser le contraire en 2002 entre les deux tours de l’élection présidentielle mais le vote massif contre Le Pen était, en fait, un vote moins politique que moral.

Ceux qui se mobilisent actuellement contre la mondialisation restent très minoritaires, y compris dans la jeunesse et ces mouvements sont souvent d’inspiration morale ou humanitaire et ont du mal à trouver des débouchés politiques ou programmatiques.

Parmi les phénomènes/mouvements qui ont mobilisé récemment la jeunesse, il y en a un qui s’impose à l’auteur et c’est le succès des JMJ autour de Jean-Paul II.

 

2. Le « triomphe » du capitalisme

 

Rien ne prouve que l’effondrement du système soviétique en 1989 corresponde au triomphe du capitalisme mais tout adversaire est aussi un faire-valoir. « Que l’Occident était beau sous Brejnev ! »

Maintenant, il y a Ben Laden mais ce n’est pas la même chose. Ce que Brejnev symbolisait, bien ou mal, c’était une alternative sociale, politique et économique au capitalisme. Du côté de Ben Laden, rien de tel car l’islamisme ne condamne ni la propriété privée des moyens de production, ni la liberté de marché, ni le salariat mais ce qu’il symbolise, c’est d’autres valeurs, d’autres idéaux, d’autres règles, une autre morale voire une autre civilisation.

On est donc passé, pour l’Occident, non seulement d’un adversaire à un autre mais d’une question proprement politique à une question plutôt morale ou civilisationnelle.

Mais, à quoi bon le « triomphe » du capitalisme si on ne sait pas pour quoi vivre ? Car, si le capitalisme n’a pas besoin de sens pour fonctionner, les individus, si, et les civilisations aussi ! D’où la recherche d’une certaine morale.

 

3. La « mort de Dieu »

 

Depuis la Renaissance, puis au XVIIIème siècle avec les Lumières, aux XIX et XXèmes siècles et encore de nos jours, avec les processus de laïcisation et, s’agissant de notre pays, de déchristianisation, nous assistons à ce que Nietzsche a appelé, la « mort de Dieu» et Marcel Gauchet, le « désenchantement du monde ».

Nous pouvons bien sûr, individuellement, croire en Dieu mais nous ne pouvons plus, socialement, nous réclamer de lui. C’est le cas, par exemple pour un enseignant ou un chef d’entreprise ou même pour un homme politique qui ne peuvent plus se réclamer de Dieu pour légitimer leur action ou leur programme (sauf aux Etats-Unis !). C’est le prix à payer de la laïcité.

Pendant vingt siècles d’Occident chrétien, à la question « Que dois-je faire ? », c’est au fond Dieu qui répondait (par ses commandements, par son Eglise,…). Mais maintenant, à la même question, Dieu ne répond plus (cf par exemple le problème de la contraception ou de la sexualité hors mariage). Mais, bien naïfs ceux qui croyaient que l’athéisme supprimait la question morale.

Or, nous avons d’autant plus besoin de morale que nous avons moins de religion.

 

4. La mode de « l’éthique d’entreprise »

 

Elle correspond à la version managériale du « retour de la morale ».

On entend souvent dire : « L’éthique améliore l’image de l’entreprise, donc les ventes » et donc l’éthique est performante (on parle même de « markéthique » !).

Mais, le propre de la valeur morale d’une action, c’est le désintéressement.

Kant, à ce sujet, propose l’exemple du « marchand avisé » qui n’est honnête que pour garder ses clients. Il agit conformément au devoir mais pas par devoir et bien par intérêt. Dans ce cas-là, pour conforme qu’elle soit à la morale, son action n’a aucune valeur morale.

 

 

 

Ainsi, à force de mettre la morale à toutes les sauces, on finit par l’instrumentaliser.

D’où la nécessité de distinguer un certain nombre de domaines différents qu’André Comte-Sponville appelle « ordres » et de marquer entre eux certaines limites.

 

La distinction des Ordres et le problème des limites

 

Comte-Sponville distingue 4 (et pour certains 5) ordres différents :

 

1er ordre : l’ordre économico-techno-scientifique

 

1er exemple : En biologie, quelles sont les limites pour le clonage reproductif ? A cette question, la biologie ne répond pas et ne répondra jamais. Tout ce que la biologie, en tant que science, peut faire, c’est nous dire comment faire le clonage reproductif mais pas s’il faut le faire.

La biologie nous dit ce qui est biologiquement possible ou impossible. Il en est de même pour les sciences en général.

2ème exemple : quelles limites pour l’économie ? pour le capitalisme ? pour le marché et la loi du marché ? Là encore, l’économie ne répond pas.

L’économie est en effet à la fois une science (humaine) et une technique.

Dans tous les cas, il y a techniquement et scientifiquement ce qu’on peut faire ou penser (le possible ou le vrai) et ce qu’on ne peut pas faire ou penser (l’impossible ou le faux).

Mais il n’y a pas de frontière interne à cet ordre en raison du progrès scientifique et technique. Mais ce progrès peut se retourner contre nous au point de mettre en cause l’existence même de l’humanité (manipulations génétiques, guerre nucléaire, pollution,…). Il en est de même en économie : à chaque fois que le cours du cacao chute, il y a des milliers de gens qui redescendent en dessous du seuil de pauvreté.

D’où la nécessité de limiter cet ordre économico-techno-scientifique de l’extérieur.

 

2ème ordre : l’ordre juridico-politique

 

Correspond concrètement à la loi et à l’Etat.

Cet ordre est structuré intérieurement par l’opposition entre le légal et l’illégal.

Juridiquement, il y a ce que la loi autorise (le légal) et ce que la loi interdit (l’illégal).

Politiquement, il y a ceux qui sont en état de faire la loi (la majorité) et ceux qui ne sont pas en état de faire la loi (la minorité, l’opposition) et c’est ce que nous appelons en France l’ordre démocratique.

Faut-il limiter ce 2ème ordre et si oui pourquoi ?

-         pour des raisons individuelles : aucune loi n’interdit l’égoïsme, ni le mépris, ni la haine ou même seulement la méchanceté. Un individuparfaitement légaliste, qui donc respecte parfaitement la loi (les lois) peut également être un parfait salaud (égoïste, méprisant, méchant,...). Il peut également être parfaitement compétent sur le plan scientifique ou technique dans son domaine (ordre n° 1).

-         pour une raison collective : par exemple, le peuple a-t-il tous les droits en démocratie ?

A-t-il le droit d’opprimer telle ou telle de ses minorités, par exemple de voter des lois antijuives, ou d’ouvrir des camps de concentration (ou aujourd’hui de rétention), de déclencher des guerres d’agression ?

Il existe bien sûr un Conseil Constitutionnel qui permet de juger si une loi donnée est conforme à la Constitution. Mais qu’est-ce qui empêche de changer la Constitution ?

Or, en France, il n’y a pas de loi fondamentale (Rousseau) car le peuple est souverain. Il n’y a donc pas de limites démocratiques à la démocratie ! Et c’est pourquoi la démocratie n’est en aucune façon une garantie, même contre le pire !

Nous sommes donc obligés de limiter à nouveau cet ordre juridico-politique. Mais comment ?

Pas avec l’ordre n°1 ! Un peuple scientifiquement et techniquement développé n’est pas moins dangereux pour cela, au contraire (ce fut même, historiquement, une des tragédies du nazisme que cette horreur se soit justement développée au sein d’un des peuples les plus avancés scientifiquement et techniquement de la planète – on pourrait ajouter culturellement !).

Nous ne pouvons donc limiter cet ordre, encore une fois, que de l’extérieur.

 

3ème ordre : l’ordre de la morale

 

Par quoi l’ordre n°2 peut-il être limité ?

En premier lieu, le peuple même souverain, reste soumis aux lois de la nature et de la raison : il n’a droit qu’au possible (son pouvoir reste limité, de l’extérieur par l’ordre n°1). (= contradiction avec ce qui précède !?)

Il existe également des limites internes à l’ordre n°2 par le jeu des résistances, des contre-pouvoirs et des rapports de forces.

 

Enfin, le peuple souverain est tout aussi incapable de modifier une exigence morale (ordre n°3) qu’une vérité scientifique ou technique (ordre n°1).

Par exemple, quand bien même le peuple déciderait « souverainement » que le Soleil tourne autour de la Terre ou que les hommes sont inégaux en droit ou en dignité, cela ne changerait rien à la vérité ou à la justesse (à l’aspect moral) du contraire.

On ne vote pas sur le vrai ou le faux, ni sur le bien ou le mal. C’est pourquoi la démocratie ne tient lieu ni de conscience ni de compétence.

- du point de vue des individus, la morale s’ajoute à la loi : la conscience d’un honnête homme est plus exigeante que le législateur ; l’individu a plus de devoirs que le citoyen.

- la même limitation vaut pour les peuples. Par exemple, il serait moralement impératif de refuser un projet de loi raciste, même si la Constitution le rendait possible !

Mais, dans tous ces cas, la limitation passent par les individus. Eux seuls existent (nominalisme) : le peuple sans eux n’est qu’un mythe, la société qu’une abstraction et l’Etat qu’un monstre.

 

L’ordre de la morale (ordre n°3) est structuré intérieurement par l’opposition du bien et du mal, du devoir et de l’interdit.

 

Qu’est-ce que la morale ? C’est l’ensemble de nos devoirs, des obligations et des interdits que nous nous imposons à nous-mêmes, indépendamment de toute récompense ou sanction attendue et même de toute espérance. C’est l’ensemble de ce qui vaut ou s’impose, pour une conscience donnée, inconditionnellement.

Cette morale est historique, culturelle et donc relative : elle est l’ensemble des normes que l’humanité s’est donnée pour résister à la sauvagerie et à la barbarie.

Mais la morale n’est pas tout et beaucoup d’actions n’en relèvent pas.

 

La question se pose toutefois de savoir s’il faut limiter à son tour ce 3ème ordre et par quoi.

On a du mal à imaginer ce que pourrait être un « salaud moral ». Par contre il peut y avoir des salauds moralisateurs !

La différence est claire : être moral, c’est s’occuper de son devoir ; être moralisateur, c’est s’occuper du devoir des autres. C’est ce qui distingue « l’ordre moral » de l’ordre « de la morale ».

Mais, si l’ordre de la morale n’a pas besoin d’être limité (comme si on  pouvait être trop moral !) il a besoin d’être complété. Il suffit d’imaginer un individu qui ferait toujours son devoir mais qui ne ferait que son devoir : ce qu’on appelle un pharisien.

Ce qui manque au pharisien, c’est l’ordre de l’amour.

 

4ème ordre : l’ordre de l’amour, que l’auteur appelle également l’ordre « éthique »

 

Comte-Sponville propose d’appeler « morale » tout ce qu’on fait par devoir et par « éthique » tout ce qu’on fait par amour.

D’où ce 4ème ordre, moins pour limiter l’ordre de la morale que pour le compléter ou pour l’ouvrir.

Pour l’auteur, cet ordre est structuré intérieurement par l’opposition de la joie et de la tristesse !

Et cet ordre, faut-il le limiter et par quoi ?

Pour les croyants, on peut envisager un 5ème ordre, l’ordre divin ou surnaturel.

L’amour infini n’est pas à craindre. A l’inverse, l’amour, dès que l’on sort du cercle des proches ne brille guère, le plus souvent, que par son absence.

L’amour intervient dans les ordres précédents mais sans les abolir.

 

 

Nous avons donc besoin de ces 4 (ou5) ordres à la fois, dans leur indépendance au moins relative et leur interaction. Les 4 (ou 5) sont nécessaires, aucun n’est suffisant.

 

Le capitalisme est-il moral ?

 

  1. Morale et économie

 

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Rabelais)

Les sciences ne sont pas la vérité (mais la connaissance, toujours partielle et relative, que nous en avons) et le scientisme n’est pas la science (il n’est que l’idéologie qui voudrait que les sciences suffisent à tout, y compris tiennent lieu de morale).

Les sciences n’ont pas de morale, les techniques non plus. Pourquoi l’économie, qui est à la fois une science et une technique, en aurait-elle une ?

L’économie n’est pas une personne qui aurait sa volonté, ses préférences, ses buts. Comment aurait-elle une morale ? C’est donc à nous d’être moraux !

Dans le 1er ordre, rien n’est jamais moral ni immoral mais amoral !

Par exemple, les cours du pétrole ou de l’euro ne dépendent pas de la morale mais de la marche générale de l’économie, des rapports de force, y compris politiques et de la loi de l’offre et de la demande.

Et cependant, des facteurs psychologiques peuvent intervenir dans l’économie car tout marché a besoin de confiance. Mais il faut souligner que psychologie et sociologie relèvent aussi de l’ordre n°1 et non de la morale.

On peut signaler à ce sujet la « neuroéconomie », discipline née aux Etats-Unis il y a dix ans qui prétend utiliser les progrès de l’imagerie médicale pour expliquer, modéliser, voire prédire le comportement des agents économiques : « Le mérite de la neuroéconomie est d’avoir démontré scientifiquement que l’émotion jouait un rôle aussi important que la rationalité dans la prise de décision », explique M. Schmidt, professeur à Paris-Dauphine. Mais des économistes résistent à ce qu’ils considèrent comme un « réductionnisme biologique » appliqué à une matière avant tout sociale. (Le Monde Economie, 15 janvier 2008)

 

Qu’est-ce que l’économie ?

C’est à  la fois une science et l’objet qu’elle étudie. C’est tout ce qui concerne la production, la consommation et l’échange de biens matériels – marchandises ou services – aussi bien à l’échelle des individus et des entreprises (microéconomie) qu’à l’échelle de la société et du monde (macroéconomie).

L’économie de marché n’en est qu’un cas particulier. Le marché, c’est la rencontre de l’offre et de la demande et ce n’est pas la morale qui détermine les prix mais la loi de l’offre et de la demande.

Donc, à la question : « le capitalisme est-il moral ? », ma réponse est non ! Mais, si le capitalisme n’est pas moral, il n’est pas non plus immoral ; il est amoral.

Ne comptez pas sur le marché pour être moral à votre place !

 

  1. « L’erreur de Marx »

 

D’après Compte-Sponville, nous n’avons plus de modèle alternatif crédible à opposer au capitalisme.

Le but de Marx était que l’économie (dans l’ordre n°1) soit soumise à la morale (dans l’ordre n°3). Il voulait en finir avec l’injustice en inventant un autre système économique.

Mais, pour que le communisme ait une chance de réussir, il fallait que les hommes cessent d’être égoïstes et mettent l’intérêt général plus haut que leur intérêt particulier. Il était donc inévitable qu’il échoue et qu’il devienne totalitaire puisqu’il fallut bien imposer par la contrainte ce que la morale s’avéra incapable d’obtenir.

Le coup de génie du capitalisme ou plutôt sa logique propre, son essence, c’est de ne rien demander d’autre aux individus que d’être exactement ce qu’ils sont, c’est-à-dire égoïstes, avant tout préoccupés de leur intérêt.

L’erreur de Marx , ce fut de vouloir ériger la morale en économie ! et pourtant, son analyse du capitalisme reste une des plus éclairantes.

 

Qu’est-ce que le capitalisme ?

  1. Pour Marx, « c’est un système économique fondé sur la propriété privée des moyens de production et d’échange, sur la liberté du marché et sur le salariat ».

            Ce qui est propre au capitalisme, ce n’est pas la production de plus-values par ceux qui travaillent mais son appropriation par ceux qui       possèdent les moyens de production. Ce qui est essentiel au capitalisme, c’est que l’opposition du capital et du travail demeure effective.

  1. Autre définition : « Le capitalisme, c’est un système économique qui sert, avec de la richesse, à produire davantage de richesse ».

 

Vouloir faire du capitalisme une morale, ce serait faire du marché une religion, et de l’entreprise une idole. C’est précisément ce qu’il s’agit d’empêcher car, si le marché devenait une religion, ce serait la pire de toutes, celle du veau d’or

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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 14:21

CERCLE DES CHAMAILLEURS

 

L’exclusion (Yvonne)

 

Jeudi 20 décembre 2007

 

 

La vie ignore la morale, elle se moque des souffrances humaines. Pour vaincre cette indifférence, pour soulager la misère et les miséreux du monde, il faudrait apporter plus de fraternité, plus de citoyenneté, plus de solidarité.

 

Y a-t-il vraiment des exclus ? Lorsqu’on arpente les rues de Montréal, Paris, New-York, toutes ces grandes villes, la réponse est OUI.

 

La misère du monde semble constituer le principal centre d’intérêt  de la sociologie, de la politique et même de l’économie.  Quel politique oserait dire que cela est honteux ?

 

On est toujours exclu de quelque chose ou de quelque part. Mais nous ne traiterons que les cas d’exclusion entraînant des situations dramatiques.

 

Dans ces multiples configurations, qu’il s’agisse du travail, du sacré,  de l’affectif, des soins, de l’isolement, l’éloignement progressif des équipements et des services, l’augmentation des prix, souvent résultant de certaines privatisations, touchent les catégories sociales les plus vulnérables, les moins mobiles, comme les personnes âgées, les handicapés et les SDF.

 

Les liens sociaux ne se développent pas dans un vide politique.

 

L’exclusion dévoilée : il n’existe ni parfaite exclusion, ni parfaite insertion.

 

Il n’existe que des exclusions, par suite d’inégalités sociales ou économiques qui conduisent à des mises à l’écart.

 

L’exclusion reste, d’après Jean-Noël Choppart, un objet indéfini que, seule, une démocratie participative et délibérative permettra de circonscrire et de résoudre. Nous allons analyser ici les différentes causes de l’exclusion : la pauvreté, le chômage, la xénophobie, le racisme et l’handicap physique.

 

 

La pauvreté :

 

Elle est considérée comme la raison la plus importante de l’exclusion (seuil de pauvreté : 650  € / mois). L’abbé Pierre disait que si le Vatican donnait la moitié de sa fortune, il n’y aurait plus de pauvres dans le monde.

 

Le chômage :

 

Ensuite, la deuxième raison de l’exclusion est le chômage.

 

Le plus important serait de trouver une activité aux exclus, pour les intégrer au monde du travail. L’accessibilité au travail permet la participation de tous dans notre société. Sans travail, les exclus perdent leurs repères et finissent par être déclassés, disqualifiés. La seule action pour briser le cercle infernal de la pauvreté, de la précarité c’est d’avoir un job ; pour avoir un job, il faut un domicile, pour avoir un domicile, il faut avoir un job. Le toit n’est pas suffisant ; pour sortir un exclu de la rue, il faut l’aider à se remettre debout, à retrouver une identité pour regarder l’avenir.

 

La xénophobie, le racisme, les sectarismes :

 

Autre cause d’exclusion. Dans les quartiers dits défavorisés, on n’a guère avancé depuis quelques années. La question du statut des personnes issues de l’immigration se pose toujours : marginalité sociale, ségrégation, exclusion territoriale, racisme. Les habitants de ces quartiers ne se sentent pas intégrés dans la société. Cette deuxième zone n’a aucun droit social fondamental, droit au logement, accès aux ressources financières. Par la discrimination à l’embauche, ils sont aussi victimes du chômage induisant la pauvreté…

 

Les handicaps :

 

Des personnes ne peuvent être autonomes par suite de leur retard mental, de troubles psychiques, les handicaps physiques. Non conformes à notre société, obèses, bossues, estropiées, ces personnes se trouvent rejetées et traitées avec mépris. Ces personnes ne peuvent d’autre part se sentir intégrées dans un univers, qui leur est hostile : escaliers, transports en commun, spectacles, commerces… Il est important d’essayer de les inclure dans notre société, de leur donner une citoyenneté, un droit d’être différent, avec plus d’humanisme, de fraternité, de solidarité.

 

Statistiques :

 

Deux  sondages mesurent l’inquiétude croissante des français face à l’exclusion. Après le chômage, la pauvreté est considérée comme le facteur le plus important. Les jeunes et les ouvriers semblent les plus inquiets : 51 % des 18-24 ans disent y penser de temps en temps, 34 % des plus de 66 ans disent n’y penser jamais, la même attitude ne se retrouve que chez 9 % des ouvriers. 52 % des français connaissent quelqu’un d’exclu ou sur le point de tomber dans l’exclusion (ils étaient 49 % il y a 6 ans). Un français sur deux de plus de 18 ans craint de devenir un exclu et 80 % des français pensent que la fracture sociale s’aggrave.

 

62 % des français ne font pas confiance au gouvernement pour résoudre le problème de la fracture sociale et 34 % pensent que ce devrait être une préoccupation prioritaire. 81 % pensent qu’une loi ne suffirait pas à faire reculer l’exclusion ; il faut changer de politique économique.

 

Les trois mesures pour lutter contre l’exclusion sont : la réquisition des logements vides, l’extension de la sécurité sociale à ceux qui n’y ont pas droit et la réduction des charges sociales aux entreprises.

 

Le logement :

 

Depuis un demi-siècle, le nombre des mal logés n’a jamais été aussi important ; on est toujours débordé par la misère (les salauds de pauvres !!). Les sans-abri frappent aujourd’hui un grand coup : depuis l’hiver 2005, on a coutume d’apercevoir dans les grandes villes fleurir des tentes sous les ponts, le long des rivières ; MSF est à l’origine de ces campements : 400 tentes ont été distribuées à des indigents, pour leur servir d’abri contre les intempéries, leur apporter un peu d’intimité mais surtout pour réaliser un choc médiatique destiné à alerter l’opinion sur la situation des sans-abri. Une association caritative, les Enfants de Don Quichotte, a pris en charge l’organisation de cette campagne. Une loi a également été promulguée, permettant aux autorités de réquisitionner des logements inoccupés

 

La population a été sensibilisée aux problèmes des SDF et les politiques prompts à s’en saisir ; ils ont fait des promesses et une loi instituant le droit au logement. Faute de crédits, cette loi risque de demeurer lettre morte. Jacques Chirac avait promis 120.000 logements construits avant les élections présidentielles, Jean-Louis Borloo 100 M€ pour les sans-abri. Cependant la situation des exclus reste toujours critique.

 

Grâce à l’action des associations, l’opinion publique a réussi à infléchir la politique des gouvernements, en particulier il a été obtenu que l’expulsion des enfants scolarisés ne soit plus possible.

 

Compte-rendu de la discussion (Anne)
 
Après l'exposé à propos des différentes formes d'exclusion, la discussion débute par le problème des enfants de sans-papiers ; les parents sont exclus, leur exclusion entraîne celle des enfants. Contrairement à ce qui a été dit dans l'exposé, il n'existe pas de véritables lois pour les protéger. Jusqu'à présent si ces enfants sont scolarisés, on peut faire jouer la solidarité des parents d'élèves, de l'administration scolaire et des professeurs, parfois d'autres élèves, pour arriver à protéger les enfants et leurs parents.

Autre thème de discussion: la signification pour chacun d'entre nous du terme citoyen. Le désaccord part de la phrase: « Si on était citoyen, il n'y aurait pas d'exclusion » Être citoyen, pour certains, est assurer un certain lien social, avoir de la solidarité avec d'autres couches sociales. Pour d'autres, on est citoyen si l'on participe à la vie politique, économique et sociale du pays et si l'on ne fait pas de discriminations.

Autre point : l'exposé a souligné que lutter contre l'exclusion, c'est lutter contre le chômage, pour la santé, le logement... Actuellement apparaît une nouvelle catégorie d'exclus : ils ont du travail mais n'ont pas de logement.

Le droit à la santé est aussi de plus en plus restreint. L'exclusion par un handicap physique est toujours très importante même si un taux des personnes handicapées est imposé au niveau des entreprises, ce n'est pas toujours respecté.

Il semble aussi que l'individualisme se développe dans nos sociétés ; si quelqu'un « coule », peu de gens l'aident à sortir d'une mauvaise situation. C'est peut-être en opposition avec des sociétés qui existent encore, en Afrique par exemple.

Sans doute faut-il qu'une autre notion que la fraternité se manifeste pour que l'exclusion disparaisse.

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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 13:50

CERCLE DES CHAMAILLEURS

 

 

L’évolution de l’Humanité au cours du XXIième siècle

 

 

Présentation de Jean  suivie d’un résumé de la discussion

 

 

 16 novembre 2007

 

 

La présentation s’appuie sur le livre de Jacques Attali « Une brève histoire de l’avenir » (Éditions Fayard) et sur les émissions « Parenthèses » du 30 juin au 1er septembre 2007 (France Inter).

 

Évolution de la faim dans le monde 

 

Nourrir l'humanité ? Un défi face aux 3 milliards d'humains supplémentaires qu'il faudra nourrir en 2050. Cela frise l'impossible alors que la planète va manquer d'eau, de terre et d'énergie...

 

Comment nourrir plus de personnes avec moins de terre, moins d’eau, moins d’énergie..

Et les bio-carburants ? Le réservoir des riches contre l’assiette des pauvres.

Des solutions : de nouvelles plantes demandant moins d’énergie, moins d’eau (1 kg de céréales = 1 tonne d’eau) on peut faire mieux

Cultiver dans les sols salés…

Quand on a faim, on n’a qu’un seul problème, quand on est nourri on en a 50…

 

 

 

Évolution des technologies

 

Au cours du XXIième siècle, les progrès des technologies se concentrerons sur quatre points : les nano-technologies , les biotechnologies, les technologies de l’information, les technologies de la connaissance.

 

A l‘échelle du nanomètre (1 milliardième de mètre), qui correspond à un intermédiaire entre l’atome et la molécule, on ne distingue plus le vivant de l’inerte, et si l’on parvient à agir sur la matière à cette échelle, on peut supposer que l’on pourra agir sur le vivant : pour la bonne cause en guérissant les maladies ou en venant atténuer les handicaps. Mais on ne pourra empêcher l’utilisation de ces techniques en mauvaise part, pour assservir peu ou prou les hommes et les conditionner pour le Marché.

 

Les technologies des neuro-sciences permettront de mettre le cerveau en prise directe avec la machine, ce qui pourra par exemple permettre d’apprendre une langue en quelques heures.

 

Les nano-technologies associées aux sciences de l’information conduiront à développer les techniques de surveillance ; aujourd’hui déjà par l’utilisation de badges divers (cartes de crédit, titres de transport, Velib, péages automatiques….). Dans l’avenir, où un système de surveillance pourra être réduit à la taille d’une poussière, l’idée même de liberté disparaîtra et avec l’accord des intéressés.

 

 

Le catastrophisme 

 

 

Certaines personnes pensent que l’humantité ne survivra pas au XXIième siècle.  Ceci dû à la convergence des menaces : le réchauffement climatique, le terrorisme nucléaire, les applications folles des nouvelles technologies….

 

On peut aussi penser que nous serons sauvés par les nouvelles technologies.

 

 

 

Évolution socio-économique 

 

 

Attali définit l’Ordre Marchand, qui gère les lois du Marché et s’oppose aux gouvernements des nations.

 

Attali distingue quatre phases dans l’évolution :

 

La première est la phase actuelle

 

 

Phase pour laquelle le cœur de l’activité mondiale reste la Californie, après que ce cœur ait été dans le passé successivement sur Venise, Gênes, Anvers, Amsterdan, Londres, Boston, New York.

 

Pendant cette période (encore une quinzaine d’années), le Pouvoir Marchand va se renforcer,s’appuyant sur les idées libérales de la majorité des Etats. Abandonnant beaucoup de fonctions à des sociétés privées, les gouvernements vont s’affaiblir, leurs dépenses diminuant, entraînant la baisse des impôts. Ainsi, pendant cette période, les transports, les retraites, la Poste, les télécommunications seront privatisés.

 

Les technologies électroniques continuant à progresser, les techniques de surveillance des personnes ont progressé et s’imposent avec l’assentiment des personnes surveillées, dans la mesure où elles apportent des éléments de confort : modes de paiement, contrôles d’accès, badges divers, titres de transport…

 

 

 

 

La deuxième phase (2025 – 2035) : Le Poly-centrisme

 

Le cœur de l’activité n’est plus unique, mais s’étend sur un grand nombre de sites, aux Etats-Unis, en Asie et même en Europe : le cœur peut même devenir virtuel et n’avoir aucune localisation particulière.

 

Au cours de cette période, on assistera à la déconstruction des Etats : d’abord toutes les dépenses d’assurance, retraites, épargne.. seront progressivement mutualisées et gérées par des sociétés privées, ce qui diminuera considérablement les dépenses des Etats. Les transports, l’énergie, les communications ne seront plus déjà sous le contrôle des Etats.

 

Les médias passerons très vite sous le contrôle des sociétés privées, surtout par le chantage à la publicité. De même pour la sécurité, qui sera confiée au privé.

            Bref,  le contrat l’emportera sur la loi et l’Etat ayant perdu le contrôle de tout, n’aura plus ni dépense, ni revenu donc plus de pouvoir. Les partis politiques, les syndicats seront en plein désarroi, cherchant en vain des domaines de compétence.

 

Les personnes ne voudront plus donner leur vie pour la défense d’un Etat ; l’armée sera donc d’abord composée de mercenaires puis privatisée.

 

 

La troisième phase (2050) : L’Hyper-Empire

 

Voit la déconstruction totale des nations, les pouvoirs de l’Ordre Marchand ayant dépassé celui des gouvernements des nations : toute l’activité humaine est privatisée, la santé, l’enseignement, la communication, les transports, la police et l’armée…

 

Les compagnies d’assurance tiendront le haut du pavé, régulant les marchés financiers et se portant acquéreur des sociétés produisant des biens et des services. Les premières sociétés seront d’origine américaine comme A.I.G. pour l’assurance, City Group pour la banque, Disney pour la distraction….

 

Le développement de ces entreprises se fera d’autant mieux qu’elles n’auront aucun contrat social à respecter. Se développeront également des entreprises pirates que les Etats n’auront plus la possibilité d’interdire et de combattre : crime, trafics en tous genres, contrefaçons….

 

Les maîtres de l’hyper-empire, que l’on appelera les hyper-nomades, sont les patrons des compagnies d’assurance, des stratèges financiers, des concepteurs d’objets ou de logiciels, détenteurs des sociétés… Ils seront quelques dizaines de millions, hommes et femmes, multi-employés et multi-patrons, sans domicile fixe ou plutôt avec des domiciles partout dans le monde.

 

En dessous de cette classe d’hyper-nomades, ils seront de l’ordre de quatre milliards à constituer la classe des sédentaires consommateurs. Solvables : cols blancs, médecins, architectes, développeurs, infirmières, avocats, enseignants, chercheurs en laboratoires, ouvriers qualifiés, prestataires de service.

La classe laborieuse comptera quelques 5 milliards de personnes ; elle sera composée des ouvriers non qualifiés et des prestataires des services à la personne. De pouvoir d’achat limité, ils intéresseront surtout les sociétés de jeux, et les sociétés pirate (marchands d’illusions, de drogues…).

 

Si l’Ordre Marchand optimise et fait triompher le marché, il ne réduit pas la pauvreté ; près de 4 milliards d’individus, les infra-nomades, vivent en dessous du seuil de pauvreté (2 $ / jour). Ils ne seront pas sédentaires, migrant en masse vers des régions où ils espèrent trouver nourriture et emploi. Les Etats ne pourront plus les indemniser et la croissance économique ne sera pas pour eux. Les infra-nomades seront les proies des entreprises pirates (jeux, drogue…), et seront les acteurs de l’hyper-conflit et les bénéficiaires de l’hyper-démocratie.

 

Les gouvernements des nations étant devenus inexistants, le marché ne peut vivre sans loi : l’expérience montre que le marché devient alors la proie des spéculateurs, des pirates, par lesquels les richesses sont dilapidées, l’environnement saccagé. L’hyper-empire se dotera donc d’une gouvernance, issue des sociétés elles-mêmes, telle qu’elle commence à exister aujourd’hui, comme, par exemple le comité réunissant les banques centrales du monde (Bâle). Cette gouvernance deviendra elle-même un service rendu par des sociétés privées, utilisant des mercenaires pour intervenir.

 

 

La quatrième phase : L’Hyper-conflit

 

 

La fin de la guerre froide laissait penser qu’il n’y aurait plus de conflit majeur, les Etats ayant compris qu’il y avait plus à gagner dans la croissance économique que dans la conquête.

 

Mais quand la concurrence est la règle et les antagonismes deviennent de plus en plus violents : les Etats ne sont plus là pour canaliser les violences.  Les conflits locaux se multiplient, les identités s’affrontent, et les vies n’ont plus de valeur.

 

La multiplication des acteurs, de la sophistication des armes pourra provoquer un embrasement global et plus destructeur que tous les conflits qui l’auront précédé.

 

Les sociétés pirates, qui se nourrissent des trafics en tout genre (drogue, femmes, armes) se mettront vite en mouvement pour participer et attiser le conflit. Les régionalismes réapparaîtront, la Chine souhaitera reprendre Taïwan…., partout les vieux démons resurgiront au Moyen Orient, en Inde et au Pakistan, en Amérique du Sud , en Europe, en Russie, et aussi les luttes intestines d’ordre religieux, régionaliste.

 

 

Et après ?

 

 

L’issue de cet hyper-conflit est incertaine : il peut entraîner la perte de l’humanité ou déboucher sur un équilibre parfait que l’on appelera l’Hyper-Démocratie, où tous les humains trouveront une place et auront droit au bonheur.

 

 

 

Bibliographie :

 

 

- Pour un catastrophisme éclairé – Jean-Pierre Dupuy (le Seuil)

- Les nano-technologies doivent-elles nous faire peur ? - Louis Laurent et Jean-Claude Petit (Éditions du Pommier)

- Nourrir l’Humanité - Bruno Parmentier ( La Découverte )

 

 

 

Résumé de la discussion (Marie-Anne)

 

 

La première réaction de plusieurs membres du groupe est que l’on est en plein délire !

 

L’avenir de l’Humanité tel qu’Attali l’envisage fait penser à Orwell (« 1984 »).

 

La description de la situation actuelle (qui correspond à sa 1ère étape de l’évolution de l’humanité) est cependant assez réaliste. La privatisation de nombreux secteurs est déjà en cours comme c’est le cas, par exemple, pour l’armée (en Irak notamment) même si les mercenaires ont existé depuis que les hommes se battent.

 

Il en est de même de la déconstruction des Etats (et non des nations), elle a déjà largement commencé.

 

Mais, dans l’avenir vu par Attali, tout apparaît dominé par l’évolution quasi-mécanique et inéluctable vers « l’Ordre Marchand » décrit par Attali et c’est comme si l’Homme n’existait pas et ne pouvait avoir aucune influence sur son avenir ; et ceci aussi bien au niveau collectif (les Etats, les Organisation internationales, les Associations, …) qu’au niveau individuel.

 

Un des membres du groupe mentionne à ce sujet un article du Monde de ce jour (daté du 17/11) : « Terre Le dilemme de l’ONU : marché roi ou écologie ». Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) dans un rapport (« GEO 4 ») dresse un tableau alarmant de la situation écologique de la planète et étudie 4 scénarios, d’ici à 2050, du « tout-libéral » (qui correspond grosso modo à l’Ordre Marchand d’Attali) à la « situation écologique ».

 

La prévision d’une évolution vers le « tout-libéral » correspond en fait à la poursuite quasi linéaire de l’évolution actuelle, comme si aucune inflexion n’était possible. Mais l’analyse du PNUE montre que la communauté internationale (et donc les hommes) entend peser sur les choix économiques qui engagent l’avenir de l’Humanité.

 

Pendant la dernière campagne électorale en France et aussitôt après son élection, qui pensait que Nicolas Sarkosy ferait le Grenelle de l’Environnement ? L’OMC, pourtant imaginée pour assurer la suprématie des poids lourds du Marché au niveau international commence à trancher en faveur des pays émergents et même des plus pauvres.

 

Le GIEC devait publier le 17 novembre un « Résumé à l’intention des décideurs » à partir de leur rapport sur le changement climatique. Le protocole de Kyoto a déjà permis quelques avancées et doit être repris et renforcé prochainement.

 

Sans attendre « l’Hyper-Démocratie » d’Attali, des solutions positives (« Humanistes » ?) ont donc déjà  été mises en place et l’évolution vers une « solution économique » est en route, au moins au niveau des mentalités.

 

 

En guise de conclusion, je voudrais vous proposer 2 citations :

 

-         « L’avenir ne se laisse prévoir que longtemps après qu’il a eu lieu » (Christiane Singer)

 

-         « La femme (mais aussi l’homme en général) est l’avenir de l’homme » (d’après Aragon)

 

 

De nombreux commentaires concernant l’ouvrage d’Attali figurent sur le net et les lecteurs de ce blog peuvent également s’y reporter.

 

 

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 11:54

CERCLE DE CHAMAILLEURS

 

 

RESUME DE LA REUNION ANIMEE PAR YVONNE LE 16 NOVEMBRE 2006

 

 

6 chamailleurs présents.

 

Yvonne a présenté le livre Le grand bazar mondial de Laurence Benhamou (écrivaine et journaliste économique à l’AFP), paru en 2005.

 

 

Ce livre fait état des dessous de la mondialisation Il insiste d’abord sur le coût peu élevé de la main d’œuvre en Asie, en Afrique… Il montre aussi que si le niveau économique d’un pays s’élève, il est moins intéressant pour les pays européens d’y délocaliser leur production. Beaucoup de nos produits viennent donc d’Asie, les salaires y étant dérisoires. Dans le domaine du textile, par exemple, les pays les plus intéressants pour les ateliers sont le Pakistan, l’Egypte, la Thaïlande. Une marque de chaussettes (Kindy) a même un site en France qui permet de tester tous les prix de ses produits suivant le lieu où ils sont fabriqués. On pense que dans 3 ans, 8 millions de paires de chaussettes seront fabriquées en Chine. Dans le même domaine la fabrication d’un soutien gorge représente tout un voyage puisque son tissu vient d’une contrée, ses broderies d’une autre… malgré ces voyages, il revient à une somme moins importante que s’il était entièrement fabriqué en France.

 

Certains groupes ont résisté très longtemps à cette dispersion de la fabrication d’un produit comme la Camif (à l’origine coopérative d’enseignants) qui a privilégié la production locale mais elle obéit maintenant aux mêmes lois que les autres.

 

Dans un autre domaine, un type de vélo du groupe Decathlon, celui qui est le plus vendu dans le monde, a des pièces venant de 30 pays différents : Chine, Portugal, France, Belgique, Suisse…

 

Dans le rayon alimentation, la poêlée de légumes Bonduelle contient des choux de Pologne, des poivrons de Turquie, des tomates d’Espagne…. La marque « le Cabanon » spécialiste de tomates, n’a de provençal que son nom et son logo. Ses tomates viennent d’autres pays.

 

Les marques les plus connues ou les plus prestigieuses ont la même stratégie : par exemple, Roche Bobois, fait venir son bois de Croatie, Descamps importe ses draps tissés du Népal...

 

Il faut dire aussi que tous ces produits importés sont de grande qualité, par exemple les lunettes, les bagages. L’industrie automobile assemble des pièces dans tous les pays. Beaucoup de chaussures viennent de Chine.
Mais jusqu’où ira-t-on ? Que vendre aux Chinois par exemple pour rétablir la balance commerciale ? Les ouvertures de magasins « Carrefour «  en Chine ne suffisent pas pour cela. Va-t-on réagir avec la protection de nos produits (Halte aux vêtements chinois ! Halte aux vins qui ne viennent pas de nos terroirs !).

 

 

Suit un débat où plusieurs questions seront posées :

 

-          qu’en est-il dans ce cadre de l’exploitation des enfants, des travailleurs… ?

 

-          les transports n’ont pas réellement un coût important ?

 

-          quel est le rôle des associations de consommateurs ?

 

-          un quota est-il exigé pour le fameux made in France ?

 

-          des changements ne risquent-ils pas de se produire, vu l’évolution de certains pays ? (Exemple des révoltes en Chine contre les conditions de travail).

 

-          On en vient au problème de gens qu’on fait venir en France et qui ne travaillent pas dans les mêmes conditions que les travailleurs français (en particulier certains seraient payés comme dans leur pays d’origine).

 

-          On sait aussi que certains pactes de non exploitation existent pour certains groupes (ne pas exploiter les enfants) et dans son catalogue, Ikéa évoque son engagement contre l’utilisation du bois abattu dans des forêts vierges ou à haute valeur de conservation. Il existe même une brochure « responsabilité sociale et environnementale sur le site d’Ikéa.

 

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 11:46

EXPERTS ET EXPERTISE

 

(Réunion du 11 février 2002)

 

 

 

PRESENTATION PAR JEAN

 

 

« Un qui sait vaut plus que deux qui cherchent »

 

Définition : L’expert n’est pas exactement l’homme de sciences.  Le scientifique est une personne qui détient un certain nombre de connaissances scientifiques sur des sujets précis dûment vérifiées par des diplômes. Le champ de l’expert est plus flou. Mais il est reconnu par ses pairs, par des institutions. Il est mis sur une liste révisable de personnes habilitées à donner un avis éclairé dans tel ou tel domaine.

 

Champ d’action :

 

-          L’expert peut être amené à donner un avis devant la justice pour aider le juge à trancher un différend. Avec l’augmentation des procès en responsabilité, le nombre d’experts est en voie d’augmentation ;

 

-          Devant la complexité des questions, des entreprises peuvent avoir besoin d’un expert pour les aider dans la prise de décision ;

 

-          Face aux contrefaçons, pour les questions de consommation… ;

 

-          Dans les procès en responsabilité des médecins.

 

Catégories :

 

-          Faire le point des connaissances, des moyens, des équipes pour connaître l’aptitude à traiter une question ;

 

-          Aide à la décision pour obtenir un certain résultat ;

 

-          Evaluation des méthodes et éventuellement des défauts ;

 

-          Evaluation des résultats.

 

Expertise et décision :

 

-          Groupe de normalisation ; avis de l’expert validé par le groupe, nécessité de faire appel à des personnes de spécialité différentes ; pour dire les norme d’un siège pour enfant dans les voitures par exemple ;

 

-           Le plus souvent l’expert et le décideur sont des personnes très différentes ;

 

-          Cela pose la question de la responsabilité de l’un et de l’autre.

 

Expert : Il peut être seul (ingénieur conseil) ou en équipe, un cabinet d’experts mais c’est « Le » expert qui signe qui est seul responsable de l‘expertise après avoir consulté éventuellement les autres experts sur des points qui peuvent être en dehors de  sa compétence directe.

 

Comment devient on expert :

 

-          Il faut être reconnu par de gens compétents qui vont évaluer sa capacité d’expertise et lui donner l’habilitation : groupe professionnel, chambre de commerce… Dans le secteur public, il y a des listes d’experts agréés.

 

-          Il est plus facile de devenir expert que de le rester ;

 

-          Pour être expert, il faut aussi avoir une certaine souplesse. L’aptitude à l’expertise est aussi jugée sur le comportement.

 

Limites de l’expertise : « dis-moi qui te paye, je te dirai ce que tu penses ». En clair, les réponses de l’expert doivent répondre à l’attente de celui qui demande l’expertise. D’où les batailles d’experts. Demandes de contre-expertises. Qui peuvent être utilisées comme mesure dilatoire pour laisser passer l’orage.

 

 

DISCUSSION

 

-          Scientifique et expert : L’expert doit être un scientifique mais aussi un homme d’expérience, ayant une expérience professionnelle. Placé dans des situations ou devant des problèmes complexes, ses conclusions ne sont pas réellement du domaine de la science mais en fonction de ses connaissances scientifiques, il porte un jugement qui doit éclairer, aider les personnes qui lui ont demandé l’expertise.

 

-          Ce rôle du demandeur dans le résultat de l’expertise peut aller plus loin : l’expert peut être chargé par le demandeur non de faire le point sur la question mais d’apporter les arguments que recherche le demandeur dans son seul intérêt.

 

-          L’expertise peut nécessiter une équipe interdisciplinaire.

 

-          La notion d’expert qui d’une certaine façon date de tous les temps, on peut en trouver trace dans la bible, tend à se développer à cause du développement des procès en responsabilité à tous les niveaux depuis le niveau criminel jusqu’à la responsabilité médicale en passant par les accidents (Tunnel, Aéroport…)

 

-          Conseil et expert : dans certains cas, l’expert n’est qu’un conseiller. Il n’est pas là pour dire la vérité mais pour aider. Comme l’avocat qui est une conseiller (qui met son expertise juridique, technique, sa connaissance du milieu juridique au service de).

 

-          La notion d’expert déborde largement le cadre juridique. On le retrouve au niveau politique, éthique et même individuel.

 

o        Au niveau politique, il existe auprès des décideurs :

 

§         au niveau scientifique quelle mesure sanitaire faut-il prendre ? Exemple du sang contaminé mais aussi faut-il arrêter telle vaccination (variole, Bcg) en fonction de quel rapport avantages-coûts, financiers ou humains.

 

§         Au niveau politique proprement dit : conséquence de telle ou telle mesure sur l’opinion publique, étude d’impact de telle décision (tracé du TGV sur la faune, la flore, les eaux…)Il faut là faire attention au choix qui présume de la réponse : le ministre qui veut faire passer une loi va désigner un ou des « experts » qu’ il connaît bien et qui vont lui fournir le rapport « scientifique », « objectif » qui justifie le choix qu’il avait fait avant de désigner l’expert.

 

o        Au niveau éthique, les comités sont constitués de personnes « compétentes » au niveau scientifique et au niveau philosophique, moral… pour donner des avis sur des questions de société difficiles à trancher

 

o        Au niveau personnel, dans un moment difficile, une personne peut être amenée à consulter quelqu’un qui l’aidera à prendre une décision, à définir un comportement (du directeur de conscience au psychiatre).

 

o        Commission de mise sur le marché du médicament : les experts ont souvent des liens avec le laboratoire qui demande l’AMM (Autorisation de mise sur le marché). Corruption mais aussi nombre limité de personnes qui connaissent vraiment la question et qui ont souvent travaillé avec le laboratoire ou qui ont des travaux financés par le laboratoire ou qui se connaissent…

 

CONCLUSION

 

            L’expert est un homme ou un groupe d’homme qui met ses connaissances son expérience au service de son jugement qui ne doit pas être perçu comme l’objectivité scientifique. Encore moins quand ce jugement est demandé par une personne, une personnalité ou une administration qui a un point de vue à défendre.

 

            Par ailleurs, l’invasion de l’expertise auréolée de sa compétence, dans des domaines où il n’existe pas de vérité scientifique, peut être utilisée à des fins de manipulation de l’opinion publique. On est tenté de présenter comme objectives, scientifiques, nécessaires des mesures qui sont en réalité des choix politiques (réforme des retraites par exemple). Dans ces cas, l’expertise sert à déqualifier l’opinion du citoyen de base qui est renvoyé à son incompétence et à qui on demande de se soumettre à l’avis des compétents.

 

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 11:34

 

 

CERCLE DES « CHAMAILLEURS »

 

 

L’insécurité sociale

 

(présenté par Paul)

 

 

Réunion du 12 mai 2004

 

 

Compte-rendu

 

 

 

On trouvera en annexe le texte rédigé par Paul.

Pour résumer notre soirée, je ne trouve pas mieux que le texte que Paul nous a envoyé en préalable de notre réunion, texte que je reproduis donc ci-après :

 

« Autrefois l’homme était défini par sa situation dans le groupe, cela entraînait pour lui contrainte et protection. L’homme moderne a été libéré du groupe, lui enlevant la contrainte, en le rendant plus libre, mais lui enlevant aussi la protection. D’où une insécurité insupportable..

Sauf posséder des biens, qui rendent l’homme libre, l’État libéral assure la sécurité civile des biens et des personnes, les propriétaires ayant, par leurs possessions, la sécurité sociale. Ce n’est que secondairement que s’est posée la question de la sécurité sociale des non-possédants. Cela s’est fait par la propriété sociale : les prélèvements sociaux effectués par l’État national donnent des droits attachés à l’emploi (lois sociales, maladie, chômage, accidents, vieillesse).

Avec l’hégémonie du marché et de l’entreprise, l’État national devient un obstacle à la concurrence, d’autant que se développe le chômage de masse, le vieillissement de la  population, la flexibilité du travail. La société salariale a relativement satisfait les besoins de protection. Cette protection est ressentie comme un droit, une seconde nature, au moment où des risques incontrôlés et incontrôlables apparaissent (de la vache folle à Tchernobyl) et où la société salariale est mise en question par le tout-marché. D’où la nécessité de maîtriser le marché et d’inventer les nouveaux droits, attachés non plus à l’emploi mais à la personne. »

 

 

Notre discussion a amené les commentaires suivants :

 

       * une augmentation de la sécurité, tant civile que sociale, induit un sentiment d’insécurité et une demande croissante de sécurité.

 

       * si l’on veut continuer à associer la protection sociale au travail, il faut imaginer que les lois sociales sont les mêmes dans le monde entier ; ceci est utopique.

 

       * un secours, attribué sans contrepartie, enferme le bénéficiaire dans la précarité, voire dans sa déchéance.

 

       * si le droit social est attaché à la personne, il faut éviter l’assistanat, mais associer ce droit à un effort à fournir ou un rôle à jouer dans la société.


 

L’INSECURITE SOCIALE. Qu'est-ce qu'être protégé ?

 

Robert Castel La République des idées Seuil, 96 pages, 10,5 €

 

 

Introduction
Protections civiles : libertés fondamentales et sécurité des biens et des personnes dans Etat de droit.

 

Protections sociales : principaux risques de dégradation de la situation des individus, maladie, accident, vieillesse, pouvant aboutir à la déchéance sociale.

 

De ce double point de vue, sociétés occidentales actuelles sont les plus sûres qui aient existé.

 

Communautés : luttes intestines, justice expéditive, arbitraire permanent, guerre, insécurité sociale permanente, vivre au jour la journée…

 

Sociétés assurantielles : la sécurité sociale est devenue un droit pour l'immense majorité des gens : institutions sanitaires et sociales prennent en charge santé, éducation, incapacités de l'âge, déficiences physiques, mentales :.

 

Mais préoccupations sécuritaires omniprésentes : formes massives de violence et de déchéance sociale largement jugulées, souci de la sécurité est une préoccupation populaire. L'insécurité moderne n'est pas l'absence de protections mais une recherche sans fin de sécurité qui crée l'insécurité. La sécurité et l'insécurité sont les rapports aux types de protections qu'une société assure ou n'assure pas. Autrement dit, être protégé, c'est aussi être menacé.

 

Les sociétés modernes construites sur l'insécurité parce que sociétés d'individus qui ne trouvent ni en eux mêmes, ni dans leur entourage immédiat, la capacité d'assurer leur protection. La promotion de l'individu, promeut sa vulnérabilité en même temps qu'elles le valorisent.

 

Le sentiment d'insécurité n'est pas proportionnel aux dangers : effet d'un décalage entre une attente socialement construite de protections et capacités d'une société à les mettre en œuvre. L'insécurité, envers d'une société de sécurité.

 

Frustration sécuritaire : Parce que les programmes protecteurs ne peuvent jamais être pleinement accomplis et produisent déception et même ressentiment. Parce que leur réussite en fait émerger de nouveaux. C'est le cas aujourd'hui avec l'extraordinaire explosion de la notion de risque.

 

 

Chapitre 1 - La sécurité civile dans l'Etat de droit

 

Sociétés pré-modernes,

 

- Sécurité interne : famille, lignage et groupes de proximité. L'individu défini par sa place dans le groupe : sécurité est sur la base d'appartenance directe à une communauté : protection rapprochée. Occident médiéval : sociétés encadrées, assurées, nanties. Ces sociétés exposées à la guerre, disettes, épidémies qui menacent la communauté du dehors.
- Insécurité interne : portée par individus, groupes détachés des systèmes de dépendance-protection communautaires : le vagabond, hors territoire, hors travail. Variante : brigand, bandit, hors la loi.

 

Modernité et vulnérabilité

 

L'individu est reconnu pour lui-même. Une société d'individus n'est plus une société mais un état sans loi, sans droit, sans constitution, sans institutions : société d'insécurité totale. La loi du plus fort ne peut stabiliser la situation, David peut tuer Goliath. Le besoin d'être protégé devient un impératif catégorique : société de sécurité. Sécurité = condition pour que les individus puissent "faire société".

 

Hobbes : Etat absolu seul moyen de garantir sécurité des personnes et des biens (Léviathan). Max Weber : l'Etat doit avoir le monopole d'exercice de la violence.
Contrepartie : l'Etat absolu libère les individus de la peur et leur permet d'exister librement dans la sphère privée, ménage croyances et possibilité d'entreprendre et de jouir des fruits de son industrie. Etre protégé n'est pas un état naturel. C'est une situation construite. L'insécurité est consubstantielle à la coexistence des individus dans une société moderne. La sécurité a un coût.

 

Parce que l'individu n'est plus pris dans les réseaux traditionnels dépendance-protection, la propriété protège. Assure l'autonomie du citoyen, de ses opinions, de ses choix. On ne peut soudoyer pour s'assurer de son vote, ni intimider pour se constituer une clientèle. La propriété dans une République moderne support grâce auquel le citoyen peut être reconnu comme indépendant.

 

Locke: l'existence d'un Etat nécessaire pour que l'individu dispose de la liberté de développer ses entreprises et de jouir en paix des fruits de son travail : propriété des biens et de soi garantit l'indépendance des citoyens. L'Etat libéral pour protéger les personnes et leurs biens. Etat minimal ? Etat gendarme ?
Etat de droit s'interdit en principe de s'immiscer dans autres sphères. Rigoureux dans la protection des personnes, de leurs droits, impitoyable contre les ennemis de la propriété. Surtout si collectifs. D'un coté, légalisme juridique, de l'autre recours parfois brutal à la force armée.

 

Ce n'est pas par hasard que la propriété privée figure dans la DDHC. Les sans culotte ne pas supprimer la propriété mais la restreindre et en aménager l'accès à tous les citoyens.

 

Sécurité publique et libertés publiques
L
es libéraux prétendent assurer la protection de individus fondée sur l'Etat de droit et leur protection sociale fondée sur la propriété privée. Pour la classe possédante, la propriété constitue l'institution sociale qui rend toutes les autres à peu prés superflues (Charles Gide). Inutile "social"…

 

Les propriétaires se protègent eux-mêmes dans le cadre légal d'un Etat qui protège la propriété : sécurité sociale absolue. Sécurité civile par Etat de droit qui garantit l'exercice des libertés fondamentales.

 

La sécurité ne peut être totale que si l'Etat est absolu, s'il a le pouvoir d'écraser sans limitation toutes les velléités d'attenter à la sécurité des personnes et des biens…

 

Un Etat démocratique ne peut être protecteur à tout prix, le respect du droit dans l'usage de la force, y compris de la force publique, limite au pouvoir absolu, crée, indirectement mais nécessairement, les conditions d'une certaine insécurité. Ex : le contrôle de la magistrature sur la police limite sa liberté d'action. Le délinquant pourra en tirer partie d'où critique du laxisme de la magistrature …

 

Il faudrait, Rousseau, que tous les citoyens fussent vertueux ou qu'on les oblige à l'être. La vertu n'est pas spontanée, la sécurité absolue des personnes et des biens n'est jamais complètement assurée dans un Etat de droit…
Distance énorme qui sépare l'obsession sécuritaire des menaces objectives qui pèsent sur les personnes et les biens dans notre société comparée à plus de la moitié de la planète ou en France il y a cent ans. Mais ce n'est pas un fantasme parce que cela traduit un type de rapport à l'Etat des sociétés modernes. L'individu survalorisé, fragile et vulnérable, exige de l'Etat qu'il le protège. Le sentiment d'insécurité provient du caractère radical de la demande de protection, infinie… Mais dans le même temps exigences de respect de la liberté et de l'autonomie des individus dans un Etat de droit.

 

La sécurité est un droit qui ne peut s'obtenir sans l'utilisation de moyens qui s'avèrent attentatoires au droit.

 

 

Chapitre II : Sécurité sociale dans l'Etat, protecteur
Insécurité = sociale et civile. Sentiment d'insécurité = conscience d'être à la merci des événements maladie, accident, chômage, âge. Incapacité de gagner sa vie en travaillant remet en question l'appartenance sociale de l'individu qui tirait les moyens de subsistance du salaire.

 

L'insécurité sociale est une expérience qui a traversé l'histoire, discrète : ceux qui l'éprouvaient n'avaient pas la parole - sauf quand explosait en émeutes, révoltes et autres "émotions populaires"…

 

Par rapport à la dimension massive de l'insécurité, l'idéologie de la modernité a fait preuve d'une formidable indifférence. L'indépendance de l'individu s'est construite sur la propriété couplée avec un Etat de droit censée assurer la sécurité : absence de statut de l'individu non propriétaire. Pour l'abbé Sieyès, foule immense d'instruments bipèdes sans liberté, sans moralité, possédant des mains peu gagnantes et une âme absorbée.

 

La propriété ou le travail

 

Cette question n'a pas été prise en compte dans la construction de l'Etat libéral. Sauf Harmand (Montagnard) : Comment les institutions sociales peuvent-elles procurer à l'homme cette égalité de fait que la nature lui a refusée sans atteinte aux propriétés territoriales et industrielles ?

 

1820 : découverte du paupérisme entraîne philanthropie et paternalisme patronal. La modernité libérale se construit sur une double exclusion : catégories populaires dans les nations développées et reste de l'humanité.

 

Conséquence : misère des ouvriers de l'industrialisation et de leur famille, insécurité sociale permanent des catégories populaires d'où pauvreté, démoralisation, dissociation sociale, dissolution des liens sociaux.

 

Etre dans l'insécurité permanente = ne maîtriser ni le présent, ni anticiper positivement l'avenir : la fameuse "imprévoyance" des classes populaires des moralistes du XIX°.

 

Telle est la face d'ombre de l'Etat de droit. Evite de poser la question de Hobbes : comment assurer la sécurité de tous les individus dans le cadre de la nation ? Le clivage propriétaire/non propriétaire se traduit par le clivage sujets de droit/sujets de non droit si on entend par droit le droit de vivre dans la sécurité civile et sociale. Ou alors le droit n'est que formel (Marx)?

 

Est-il possible d'y faire face ? R. CASTEL travaille la simple variable d'ajustement. Pour gagner, on rogne sur les salaires et les sécurités attachées à l'emploi. La solution serait d'établir une sorte de compromis social entre les exigences du marché et un minimum de sécurité et de protection pour ceux et celles qui produisent ces richesses. Du travail pour être reconnu. L'insécurité sociale ou la peur du lendemain Dossier réalisé par Piedad Belmonte

 

Comment définiriez-vous l'insécurité sociale ? R. CASTEL : Les prolétaires du XIXe siècle sont dans une insécurité sociale permanente : le travailleur n'ayant que son travail pour survivre vit dans l'insécurité sociale à la merci d'un accident ou d'une maladie. Lorsqu'il est trop vieux pour travailler, il risque de croupir à l'hospice en attendant d'y mourir. On était sorti de cette situation grâce à la sécurité sociale. Les ordonnances de 1945 affirment le principe d'une sécurité sociale généralisée contre les principaux risques sociaux : accident, maladie, vieillesse indigente. Elle s'est constituée essentiellement par l'attachement des sécurités, protections et droits au travail. La retraite, par exemple, est une sécurité pour l'avenir du vieux travailleur déjà cité plus haut. C'est au moins, pour lui, un minimum de ressources, de droits et d'indépendance, car il ne dépend plus de l'assistance ni de ses enfants pour vivre. Du travail pour être reconnu. L'insécurité sociale ou la peur du lendemain Dossier réalisé par Piedad Belmonte
Quelles sont ses conséquences sur les personnes ?  R. CASTEL Les libéraux disent que l'individu est libéré d'un certain type de contraintes pesantes. Il est donc plus libre et disponible pour réaliser ses capacités et entreprendre. C'est le discours du Medef. Or, oublie que tous ne sont pas égaux pour faire face à ces transformations. Certains peuvent y gagner, mais d'autres - les plus nombreux - perdent leur système de protection. Du travail pour être reconnu. L'insécurité sociale ou la peur du lendemain Dossier réalisé par Piedad Belmonte

 

Comment en sortir ?

 

En attachant des protections fortes au travail : Le travail est devenu un emploi : un statut qui inclut des garanties non marchandes ; droit à un salaire minimum, protections du droit du travail, couverture des accidents, la maladie, droit à la retraite. La situation du travailleur cesse d'être condition précaire, devenue la condition salariale : presque tous les individus sont couverts par des systèmes de protection. La société salariale est une société dans laquelle l'immense majorité de la population accède à la citoyenneté sociale à partir, d'abord, de la consolidation du statut salarial.

 

En construisant un nouveau type de propriété conçue et mise en œuvre pour assurer la réhabilitation des non-propriétaires, la propriété sociale. La propriété sociale : production d'équivalents sociaux des protections auparavant seulement données par la propriété privée : la retraite n'est pas une mesure d'assistance, elle est un droit construit à partir du travail. Propriété du travailleur non dans la logique du marché mais à travers la socialisation du salaire (salaire indirect). L'Etat rôle central dans la mise en place de ces dispositifs, rôle social comme réducteur de risque.

 

Quelles en sont les causes ? R. CASTEL Le chômage de masse facteur d'insécurité sociale, la précarisation. Il y a trente ans, un travailleur presque assuré de garder son travail tout au long de sa vie. La stabilité permettait la propriété. Possibilité de faire des projets sur la base d'une condition salariale solide et permanente. Si l'on vit dans la précarité, cette sécurité se perd Du travail pour être reconnu. L'insécurité sociale ou la peur du lendemain Dossier réalisé par Piedad Belmonte

 

Une société de semblables

 

La solution à l'insécurité sociale n'est pas passée par la suppression ou le partage de la propriété privée. N'a pas réalisé l'égalité des conditions sociales. La société salariale est fortement inégalitaire mais aussi fortement protectrice. Qui a permis une certaine tolérance aux inégalités. Il ne s'est pas constitué une importante classe moyenne.

 

Ce n'est pas une société d'égaux mais de "semblables" : société différenciée, hiérarchisée mais dont les membres peuvent entretenir des relations d'interdépendance parce qu'ils disposent d'un fonds de ressources communes et de droits communs. L'Etat social est le garant de cette construction.

 

Le rôle principal de l'Etat social n'a pas été de réaliser la redistribution qui a très peu affecté les structures hiérarchiques. Rôle protecteur essentiel. Petit salaire, petite retraite. Conditions minimales pour pouvoir faire société avec ses semblables.

 

La propriété sociale a réhabilité la "classe non propriétaire" condamnée à l'insécurité sociale.
Etat réducteur de risques sociaux.

 

La croissance a permis la gestion régulée des inégalités de l'insécurité sociale dans la société salariale. Insatisfaction et frustration vécues comme provisoires. Le moment fort de la croissance de l'Etat garantit la protection sociale généralisée. Ce qui compte, ce sont les droits acquis au groupe auquel on appartient. L'avoir a moins d'importance que le statut collectif défini par un ensemble de règles.

 

Dans une convention collective, ce n'est plus l'individu qui contracte, il s'inscrit dans un collectif qui fait sa force face à l'employeur. Il est protégé en fonction de ses appartenances qui ne sont plus la participation directe à des communautés "naturelles" (protection rapprochée de la famille, du voisinage, du grouper territorial) mais des collectifs construits par des réglementations, généralement un statut juridique : collectifs de travail, collectifs syndicaux, régulations collectives du droit du travail et de la protection sociale.

 

 

Chapitre III : La remontée des incertitudes

 

Crise de la modernité organisée : le libéralisme a échoué à réaliser la promesse d'une société appliquant les principes d'autonomie des individus et d'égalité des droits pour l'ensemble. La société ne peut se fonder exclusivement sur un ensemble de rapports contractuels entre individus libres et égaux car elle exclut la majorité des travailleurs dont les conditions d'existence ne peuvent assurer l'indépendance sociale nécessaire pour  entrer à parité dans un ordre contractuel. Cela passe par la construction de droits sociaux et par l'implication croissante de l'Etat dans un rôle social. Le poids de la grande entreprise, l'organisation standardisée du travail, la présence de syndicats puissants assurent la prépondérance de ces formes de régulations collectives. Les travailleurs groupés dans de grandes associations qui les défendent se plient aux exigences du développement et en contrepartie bénéficient de protections étendues sur la base de conditions de travail stables. Géré dans le cadre de l'Etat-nation.

 

Individualisation et décollectivisation
Affaiblissement de l'Etat national social garantissant un ensemble de protections dans le cadre géographique et symbolique de la nation, un développement équilibré, économique et social, en vue du maintien de la cohésion sociale. Depuis les années 70, l'Etat est de moins en moins capable de ce rôle. Avec la concurrence internationale, le leadership passe à l'entreprise. L'Etat alors contre-productif par les surcoûts qu'il impose au travail pour le financement de ses charges sociales et par les limites qu'il apporte à la recherche de la compétitivité maximale à n'importe quel coût social.
Affaiblissement de la prise en charge de la défense des intérêts des salariés par les grandes formes d'organisations collectives.

 

Le chômage remet tout en question. La solidarité des statuts professionnels se transforme en concurrence entre égaux. La restructuration du monde du travail vise une gestion fluide et individualisée du travail à la place d'une gestion collective sur la base d'un emploi stable : mise en mobilité généralisée des relations de travail, des carrières, protections. Et en même temps décollectivisation, réindividualisation, insécurisation. L'individualisation des tâches impose mobilité, adaptabilité, disponibilité.

 

Les trajectoires professionnelles deviennent mobiles : modèle biographique : chaque individu doit prendre en charge les aléas d'un parcours professionnel discontinu, faire des choix, des reconversions. Le travailleur = entrepreneur de lui-même, "faire son poste plutôt que l'occuper". Chacun doit assumer le changement, se prendre en charge. L'opérateur est libéré des contraintes collectives, ils est obligé d'être libre, sommé d'être performant, tout en étant livré à lui-même.

 

Tout le monde n'est pas également armé pour. Les néo-libéraux oublient que cette mise en mobilité générale introduit de nouveaux clivages dans le monde du travail et dans le monde social. Il y a des gagnants et ceux qui ne peuvent faire face. Pour ceux qui ne disposent pas des capitaux - économiques, sociaux, culturels - les protections sont collectives ou ne sont pas.

 

Le retour des classes dangereuses

 

Deux lectures possibles de cette dégradation :

 

désocialisation des individus : les exclus sont des collections, non des collectifs, définis sur une base négative. Personne et pas même les exclus, n'existe dans le hors social et la décollectivisation elle-même est une situation collective.
Des groupes en mobilité descendante dont la commune condition se dégrade, le sentiment d'insécurité se développe, sentiment d'être laissé pour compte - modernisation oblige. Désarroi de ne plus avoir d'avenir vécu individuellement mais réaction collective, marquée de ressentiment. Mélange d'envie et de mépris qui joue sur un différentiel de situation sociale et fixe les responsabilités sur les catégories sociales juste au dessus ou juste au dessous. Le poujadisme contre les fonctionnaires avec des revenus moyens mais censés travailler moins. C'est une frustration collective qui cherche responsables ou boucs émissaires.
La modernisation a pris une dimension mondiale, les plus affectées ne sont plus la France traditionnelle -paysannerie, petit commerce. Mais de larges franges de la classe ouvrière intégrées durant les années de croissance, employés les moins qualifiés, jeunes d'origine populaire qui seraient passés de l'école, à l'apprentissage  et à l'emploi stable; On assiste à une déqualification de masse. CAP, BEI dévalorisés condamnent leurs détenteurs à l'immobilité.
Pour courir le risque d'une mort sociale, jouer le jeu du changement, de la mobilité, de l'adaptation permanente, du recyclage incessant, certains particulièrement mal armés, on s'en est peu soucié : l'imposition de la flexibilité rarement associée à des mesures d'accompagnement. Dès lors, au mieux, ces groupes sont les soutiers d'une économie mondialisée, au pire, "inemployables", condamnés à survivre. C'est là un puissant facteur d'insécurisation.
Autrefois, envie et mépris du travailleur indépendant à l'égard du salarié à statut qui accapare les avantages sociaux, aujourd'hui, racisme à l'égard des immigrés réputés moins compétents, plus dociles, cumulant les aides sociales. Le ressentiment comme réponse sociale au malheur social cible les groupes les plus proches. C'est une réaction de petit blanc.
Le problème des banlieues : Cumulent les facteurs d'insécurisation : taux de chômage, emplois précaires, activités marginales, habitat dégradé, urbanisme sans âme, promiscuité entre origines différents, jeunes désœuvrés, visibilité des pratiques délinquantes. L'insécurité sociale et l'insécurité civile se recoupent et s'entretiennent l'une l'autre.
A partir de là, diabolisation des banlieues, stigmatisation des jeunes, relèvent d'un déplacement de la conflictualité sociale. Les banlieues, abcès de fixation de l'insécurité : retour des classes dangereuses c'est à dire cristallisation sur des groupes particuliers aux marges, de tout ce qu'une société porte de menaces. Avant hier, le vagabond. Hier, les prolétaires qui "campent au sein de la société sans y être casés".
Faire de ces jeunes le noyau de la question sociale, devenue la question de la insécurité qui menace les fondements de l'ordre républicain a certains avantages. Evite de prendre en compte l'ensemble des facteurs à l'origine du sentiment d'insécurité et qui relèvent au moins autant de l'insécurité sociale que de la délinquance. Elles permettent de mobiliser des moyens qui, s'ils ne sont pas toujours efficaces, montrent que l'on fait quelque chose sans avoir à prendre en charge des questions bien plus délicates : chômage, inégalités, racisme qui sont à l'origine du sentiment d'insécurité.
L'ennemi de l'intérieur est toujours aux marges, semble venir d'ailleurs, ne parait pas partager les valeurs culturelles dominantes.

 

La répression n'a pas du être très efficace puisqu'elle a duré plusieurs siècles. Les causes en étaient la misère de masse et le verrouillage du marché du travail par  les corporations bloquant l'embauche. Jusqu'à la loi La Chapelier.
C'est payant seulement à court terme.
Glissement de l'Etat social vers l'Etat sécuritaire.
Un Etat purement sécuritaire se condamne à creuser une contradiction entre l'exercice d'une autorité sans faille, l'Etat gendarme, pour assurer la sécurité civile et un laxisme face aux conséquences du libéralisme économique qui alimente l'insécurité sociale.

 

 

Chapitre IV : Une nouvelle problématique du risque
Depuis les années 80, difficulté croissant à être assuré contre les principaux risques sociaux. D'où une insécurisation face à l'avenir et un désarroi qui peuvent aussi alimenter l'insécurité civile surtout dans les territoires comme les banlieues où se cristallisent les principaux facteurs de dyssocialité sociale.

 

Risques, dangers et dommages
Au moment où les systèmes de sécurisation sont fragilisés apparaît une nouvelle génération de risques ou de menaces : risques industriels, technologiques, sanitaires, naturels, écologiques…

 

La prolifération des risques apparaît étroitement liée à la promotion de la modernité. Ce n'est pas le progrès social mais un principe d'incertitude qui caractérise la société moderne, société du risque. L'insécurité comme horizon indépassable de la condition de l'homme moderne.

 

Si être protégé c'est être en mesure de faire face aux principaux risques de l'existence, cette assurance doublement prise en défaut : par l'affaiblissement des couvertures "classiques" par une sentiment général d'impuissance devant les nouvelles menaces

 

L'hypersensibilité aux risques fait de la recherche de la sécurité une quête infinie, toujours frustrée. Il faut distinguer : les aléas de l'existence qui peuvent être maîtrisés parce que socialisables et les menaces dont il faudrait reconnaître l'existence sans pouvoir s'en prémunir et donc les accepter comme des limites, provisoires peut-être.

 

Un risque est un événement prévisible dont on peut estimer les chances de se produire et le coût des dommages qu'il produira. Il peut être indemnisé car il peut être socialisé. La généralisation de l'obligation d'assurance qui implique la garantie de l'Etat a été la voie royale de "la société assurantielle". C'est un modèle solidariste ou mutualiste qui est à la base de la couverture des risques sociaux.

 

Une société du risque ne peut être sécurisée de la même façon. Les nouveaux risques sont largement imprévisibles, peu calculables, ont des conséquences irréversibles incalculables : éventualités néfastes plus que risques, menaces, dangers d'advenir
Imprévisibilité, gravité, irréversibilité pousse à envisager le pire et à prendre des mesures pour l'éviter. Décimer un cheptel pour éviter des probabilités inchiffrables de dommages. Afin d'éviter une éventualité improbable et qui n'est pas probabilisable, on produit des dommages très réels.

 

Culture du risque.

 

Cependant une société ne peut éradiquer la totalité des dangers dont l'avenir est porteur. Les risques les plus prégnants jugulés, le curseur de la sensibilité aux risques se déplace et en fait affleurer de nouveaux.

 

Le principe du risque alimentaire "zéro'" serait de s'abstenir de manger (principe de précaution), C'est impraticable, restent la suspicion et l'anxiété : l'insécurité est aussi dans l'assiette.

 

Pour les nouveaux risques, il faut se demander si leur prolifération ne comporte pas aussi une dimension sociale et politique, alors qu'elle est généralement présentée comme la marque d'un destin inéluctable, un aspect fondamental de la modernité dans une société d'individus.
Les "risques" ne sont pas démocratiquement partagés. Les industries les plus polluantes sont dans les pays en développement et affectent les plus démunis en moyens d'hygiène et de sécurité, la prévention ou la réparation des dommages.

 

Plutôt que de risques, il vaudrait mieux parler de dommages et de nuisances. Il faudrait proscrire ces nouvelles formes planétaires d'exploitation ou tout au moins imposer aux multinationales des régulations sévères compatibles avec un développement durable. Mise en place d'instances politiques transnationales.

 

Privatisation ou collectivisation des risques

 

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 11:32

                                  

 

CERCLE DES CHAMAILLEURS

 

 

Compte-rendu de la séance du 4 novembre 2004 sur

 

 

 

« La contrefaçon »

 

 

 

Yvonne a d’abord rappelé les lois sur la contrefaçon puis en a donné les définitions.

Il s’agit d’un phénomène quantitativement très important  puisque les produits faisant l’objet de contrefaçon représentent de 5 à 9 % du commerce mondial et sont en augmentation constante malgré le durcissement de la loi. La France est particulièrement touchée : 40 % des saisies en douane concernent la contrefaçon.

Parmi les conséquences, Yvonne a signalé la perte d’emplois ainsi que la perte de parts de marché dans les pays « victimes » des contrefaçons ainsi que les dommages causées à l’image des marques contrefaites.

Par contre, dans les pays « producteurs » de contrefaçons, qui sont le plus souvent des pays en développement (mais qui incluent également les pays industrialisés), on peut considérer que ce phénomène est créateur d’emplois.

Les contrefaçons concernent aussi bien les produits de consommation courante (56 % des produits domestiques seraient des contrefaçons, de même que un CD sur trois, 12 % des jouets, 7 % des médicaments,…) que les produits de luxe (sacs Vuitton, montres Cartier, foulards Hermès, parfums des diverses marques, chemises Lacoste,…). Elles concernent également, par exemple, les pièces de rechange des automobiles.

A noter que les sites de production des produits contrefaits peuvent être les mêmes que les produits originaux. C’est le cas, par exemple, des lampes Berger.

Les contrefaçons sont un moyen idéal pour masquer le commerce des armes ou de la drogue.

1 euro investi dans la contrefaçon peut rapporter 10 euros aux contrefacteurs.

Risques pour les consommateurs :

 

La qualité des produits contrefaits peut être bonne mais elle est souvent mauvaise ce qui peut entraîner des risques très importants pour la santé et la sécurité des consommateurs.

C’est le cas, notamment, des médicaments (les médicaments contrefaits peuvent ne contenir qu’une faible quantité de principes actifs voire en être totalement dépourvus), des lentilles oculaires (lésions de la cornée), des vins et spiritueux ou d’autres produits alimentaires (qui peuvent contenir des produits très toxiques), des appareils électro-ménagers (risques d’accidents électriques ou mécaniques), des produits d’hygiène ou des vêtements (risques d’allergie) ou encore des pièces de rechange des automobiles (qui peuvent être à l’origine de graves accidents de la circulation, par exemple avec des plaquettes de frein défectueuses).

 

Quels sont les trucs et astuces permettant de déceler les contrefaçons ?

 

La mention de la norme « NF » sur les étiquettes ou les notices des fabricants permet, en principe, de reconnaître les produits originaux et homologués (mais, ces indications ne peuvent-elles pas être elles-mêmes contrefaites ?).

Il faut se méfier des produits achetés sur internet, notamment pour les médicaments. A noter  qu’en France les médicaments « authentiques » ne sont en principe accessibles que dans les pharmacies (tout au moins pour les médicaments délivrables sur ordonnance).

Il est conseillé d’acheter les articles de sport dans les magasins de sport qui ont pignon sur rue.

A signaler les détecteurs de faux billets dont disposent les commerçants.

Les sanctions pénales ont été renforcées au cours des dernières années, non seulement pour les fabricants mais également pour les consommateurs/acheteurs de produits contrefaits. Pour ces derniers, la loi du 5 février 1994 (qui modifie la loi du 4 janvier 1991) prévoit le paiement d’une « amende représentant une à deux fois la valeur des produits authentiques ». Pour « les grands trafics, les contrefacteurs sont également passibles d’un emprisonnement maximum de 3 ans ».

Le phénomène de la fausse monnaie a également été abordé (plusieurs cas de fabrication de faux euros, de plus ou moins bonne qualité, ont récemment défrayer la chronique) ainsi que celui des faux papiers (cartes d’identité, passeports, permis de conduire). Le permis de conduire est relativement facile à contrefaire, ce qui a conduit à différents trafics. A été cité le cas des faux permis de conduire français, transformés en « vrais » permis britanniques de l’autre côté de la Manche et qui sont ensuite rapatriés et transformés en « vrais » permis français.

A également été signalée l’escroquerie à la « Yes card » : carte à puce qui peut être utilisée en indiquant n’importe quel numéro de code.

 

La discussion a fait ressortir la nécessité de distinguer les « contrefaçons » des « malfaçons », ces dernières pouvant concerner des produits authentiques caractérisés par un défaut de qualité. Contrefaçon et malfaçon sont souvent associés mais des produits contrefaits peuvent aussi être de bonne qualité !

 

 

Petit complément tiré de Télématin (France 2) du 10/11/04 dont une des chroniques était consacrée à la contrefaçon des médicaments dans le monde :

Les médicaments contrefaits représentent environ 50 % des médicaments vendus en Afrique.

Selon une étude, jusqu’à 70 % des médicaments antipaludéens circulant au Cameroun sont contrefaits. Au Vietnam, 64 % des médicaments antipaludéens étudiés ne contenaient pas de principe actif !

 

Le Cercle des Chamailleurs est toujours à la pointe de l’actualité !

 

 

 

 

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 11:31

Cercle des Chamailleurs

 

 

L’amitié (sujet commun)

 

 

jeudi 21 septembre 2006

 

 

 Synthèse par Michel

 

 

 

Eléments de définitions

 

-         Un ami, c’est : quelqu’un sur qui on peut compter

 

                                                      que l’on aime rencontrer

 

                                                      avec qui on se sent bien…

 

-         Aimer, c’est « regarder ensemble dans la même direction » (St Exupéry)

 

-         L’amitié repose aussi sur une certaine volonté de fusion, une symbiose

 

-         L’amitié suppose l’égalité, elle doit être partagée, elle est basée sur la réciprocité des sentiments

 

-         L’amitié n’est pas liée à une obligation, elle est libre, contrairement aux relations familiales, même si elle peut exister aussi à l’intérieur de la famille

 

-         L’amitié est aussi basée sur le respect, l’estime, la confiance. C’est un sentiment d’affection fraternelle, voire de tendresse, de complicité

 

-         L’amitié est souvent basée sur le partage des mêmes « valeurs », pas forcément des mêmes opinions, notamment en matière politique mais elle exclut des opinions trop divergentes qui excluraient les valeurs fondamentales auxquelles les membres du groupe sont attachés (comme, par exemple, l’appartenance à l’extrême droite).

 

 

La naissance de l’amitié

 

-         Au départ, on peut être de simples « copains » (ou « copines ») puis, avec le temps et avec certaines personnes, un sentiment de véritable amitié se développe, durable

 

-         Mais l’amitié peut aussi naître d’un « coup de foudre » comme en amour.

 

 

Evolution de l’amitié

 

-         L’amitié, comme l’amour, doit s’entretenir ; elle suppose donc, en général, des relations durables sinon fréquentes (par des rencontres, des activités communes ou des échanges épistolaires, …)

 

-         Avec l’âge, on devient plus sélectif en amitié, on se lie plus difficilement

 

-         La faculté d’amitié diminuerait avec l’âge

 

-         Les amis d’enfance sont importants mais ne restent pas toujours des amis (avec le temps, divergences d’intérêt et vécu souvent très différent)

 

-         La déception, la trahison en amitié  ont été évoquées mais non développées.

 

 

Les différents niveaux ou degrés de l’amitié

 

-         Un membre du groupe estime que l’on a tendance à tout mélanger quand on parle des relations avec les autres et il distingue 3 niveaux ou degrés dans ce qu’il est convenu d’appeler « amitié » :

 

                        Un 1er niveau de relation, par exemple avec les collaborateurs ou les collègues             ou les membres d’une équipe

 

                        Un 2ème niveau, basé sur l’appartenance à une même communauté (par            exemple : les catholiques de Versailles ou les musulmans d’une mosquée donnée ou            encore les camarades de sa classe)

 

                        Un 3ème niveau enfin qui correspond à l’amitié vraie, basée sur des sentiments communs, sur la sympathie  réciproque ; elle est très subjective et souvent irrationnelle        Il estime que cette amitié est difficile à différentier de l’amour.

 

 

-         Un autre membre du groupe a également distingué 3 niveaux ou degrés dans les relations dites amicales (en essayant de classer ses propres amis) :

 

                        Les simples relations amicales, souvent à caractère professionnel

 

                        Les amis proches mais parfois perdus de vue et dont certains auraient pu                                 devenir des amis très proches (en particulier avec des rencontres plus                                fréquentes)

 

                        et enfin les amis très proches ou véritables, très peu nombreux (2 ou 3).

 

 

Amitié et amour

 

Pour plusieurs membres du groupe, il n’y a pas de différence fondamentale entre amitié et amour, y compris dans sa dimension sexuelle.

 

Pour l’un des membres, dans l’amitié virile, il y a (toujours ?) une dimension homosexuelle (cf  Le Banquet de Platon avec la conception platonicienne de la relation ami-amant).

 

Qu’en est-il, par exemple, dans la relation entre Montaigne et La Boëtie (« Parce que c’était lui, parce que c’était moi ») ?

 

Ceci existe bien sûr également dans l’amitié entre femmes.

 

Pour d’autres (la minorité), il s’agit de 2 sentiments différents, à l’instar des anciens grecs qui distinguaient la  philia  de l’eros.

 

 

L’amitié entre hommes et l’amitié entre femmes sont-elles différentes ?

 

Pour certains, l’amitié entre hommes est souvent basée sur une idéologie commune, ou sur des échanges intellectuels ou encore sur un « faire » ensemble (activités militantes ou autres, communes), alors que l’amitié entre femmes est plus affective, davantage basée sur la tendresse, sur « l’être » ensemble.

 

Des amies femmes se font plus facilement des confidences que des amis hommes, les hommes ayant souvent des réticences à parler de choses intimes avec un autre homme.

 

Un membre féminin du groupe juge cette distinction discriminante, voire méprisante vis-à-vis des femmes.

 

 

D’autres aspects de l’amitié ont simplement été évoqués mais non discutés comme :

 

-         l’amitié entre homme et femme est-elle possible et, si oui, à quelles conditions ?

 

-         l’amitié est-elle présente dans la vie de couple ?

 

 

 

 

 

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 11:29

CERCLE DES MARCHEURS

 

 

Compte-rendu de la séance du 20 avril 2006

 

 

« L’accent » (Anne)

 

 

Anne s’est basée, pour sa présentation, sur le livre d’Alain Fleischer « L’accent, une langue fantôme ».

L’auteur est de père Hongrois et de mère Espagnole et Catalane, ce qui explique sans doute son intérêt pour les langues et les accents.

Anne a choisi ce thème en fonction de ses propres idées sur « l’accent » et par le fait qu’elle a souvent été elle-même interpellée en raison de son accent.

Le livre de Fleischer comprend 2 parties :

-         « L’accent, comment l’entendons-nous ? »

-         « L’accent, comment (ou à quoi ?) le voyons-nous ? »

 

  1. L’accent, comment l’entendons-nous ?

     

 

Tout le monde a un accent mais il existe des formes dites « standard », comme celles des présentateurs TV par exemple.

Fleischer a vécu dans un environnement linguistique très varié. Par ailleurs, sa pratique très précoce du piano l’a sensibilisé aux sons et aux accents.

Il insiste sur la façon dont les accents sont entendus et ressentis par les autres : par exemple, les Québécois trouvent l’accent parisien très prétentieux.

L’accent n’a pas d’équivalent dans la langue écrite. Les fautes d’orthographe n’ont rien à voir avec l’accent.

Certains mots (d’origine culinaire ?) sont en général prononcés de la même façon par les différents locuteurs, quelle que soit leur origine : c’est le cas, par exemple, de « paella » ou de « goulash ».

Contrairement à ce que l’on entend souvent, il n’y a pas de « parler pur » dans une langue donnée, comme la langue de Touraine pour la France.

Certaines personnes du Nord de la France disent ne pas comprendre certaines personnes du Sud dont l’accent est particulièrement marqué (et inversement ?). Fleischer estime que cela n’est pas possible (Anne elle-même en doute).

Ceux qui n’ont pas le même accent corrigent parfois les autres. A ce propos, Anne raconte une anecdote personnelle : un Inspecteur d’Académie, lors d’une visite d’inspection (et dans son rapport), lui avait demandé de s’exprimer « avec moins d’accent méridional ».

Accents et affects sont liés. On peut éprouver de la sympathie (ou de l’antipathie) pour des personnes qui parlent avec un certain accent.

 

  1. L’accent, à quoi le voyons-nous ?

     

 

Fleischer prend le cas du cinéma parlant et cite des exemples dans le cinéma américain comme « Casablanca, nid d’espion » avec les accents respectifs et très différents d’Humphrey Bogart et d’Ingrid Bergman.

Il évoque également les films avec Laurel et Hardy dont les versions françaises, post-synchronisées, introduisent un accent américain dans la prononciation des 2 acteurs, ce qui provoque un effet comique supplémentaire et qui, bien sûr, n’existe pas dans les versions originales.

Fleischer prend également des exemples dans le cinéma français :

-         « Casque d’or » de Becker avec l’accent de prolétaire parisien de Raymond Bussières

-         « Marius » de Pagnol où, dans la scène de la partie de cartes, le « Tu me fends le cœur ! » n’est pas compris par le Lyonnais de la bande, Mr Brun. Ce dernier apparaît isolé au milieu de personnages ayant tous l’accent marseillais.

D’autres exemples concernent les cinémas italien et africain.

 

En conclusion :

-         tout le monde a un accent

-         il n’y a pas de « mauvais » accent

-         il faut respecter les accents des autres.

Fleischer termine par des considérations sur le rôle des facteurs génétiques sur les accents.

 

Discussion :

 

-         Plusieurs membres du groupe ont été gênés par le côté « pseudo-scientifique » de ce livre qui mélange beaucoup de notions.

-         Fleischer ne considère pas différemment ou séparément les accents régionaux à l’intérieur d’un même pays et les accents étrangers par rapport à une langue nationale.

-         Le « dominant » et la classe sociale ne sont pas pris en compte. La langue « standard » dans un pays donné est en général celle des dominants.

-         Le facteur dominant n’est pas forcément lié à la classe sociale dominante mais également au nombre des locuteurs (facteur majoritaire).

-         Quelle est la définition de « l’accent » ?

 

 

 

 

 

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 11:27

Cercle des Chamailleurs

 

 

Compte-rendu de la Séance du 08 mars 2007

 

––––––––––––––––––

 

 

Sujet : Législation de l’immigration

 

Présentateur : Anne

 

Présents : les 6 membres du Cercle

 

––––––––––––––––––

 

 

La présentation s’est largement appuyée sur les travaux du GISTI (Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés), et plus particulièrement sur un document :

 

« Le guide de l’entrée et du séjour des étrangers en France »

 

 

Les documents produits par le GISTI sont disponibles à la FNAC  ; on peut également consulter le site Internet : www.gisti.org

 

 

Historique :

 

 

Pour la première fois, juste après la seconde guerre mondiale, a été promulguée l’ordonnance du 2 novembre 1945 qui sera modifiée un très grand nombre de fois au gré des divers gouvernements et des fluctuations de la vie économique, jusqu’à la loi du 24 juillet 2006, dite loi Sarkozy II, qui est une modification de plus de l’ordonnance de 1945, dans le sens d’une sévérité accrue.

 

 

Avant 1970, l’immigration était due à l’appel de main d’œuvre peu qualifiée : il s’agissait de pourvoir les postes que les français ne voulaient pas occuper. A  partir de 1974, le terme d’immigration va être remplacé par celui de flux migratoire et l’objectif des gouvernements successifs a été le contrôle de ces flux.

 

 

Un coup d’arrêt de la demande d’immigrés est donné, en 1972,  par la circulaire Marcellin et Fontanet, qui supprime les procédures de régularisation des étrangers. En 1974, la décision est prise de suspendre l’immigration de travail à la suite du premier choc pétrolier.

 

 

La loi Bonnet (10 janvier 1980) va, pour la première fois, permettre l’expulsion des étrangers en situation irrégulière et leur détention préalable à leur expulsion : c’est l’apparition de la rétention administrative.

 

 

Ces dispositions sont vivement critiquées par la gauche, alors dans l’opposition. Aussi, en 1981, l’arrivée de la gauche voit des assouplissements des conditions d’obtention de cartes de séjour. Mais si les procédures d’expulsion des étrangers, contenues dans la loi Bonnet , sont entourées de plus de garanties, elles ne sont cependant pas supprimées.

 

En 1984, est créée la carte de résident de 10 ans.

 

 

En 1986, retour de la droite qui va revenir sur un bon nombre de dispositions adoptées par la gauche. La loi Pasqua rend aux préfets, statuant seuls et sans aucune procédure permettant l’exercice des droits de la défense,  le droit de prononcer la reconduite à la frontière des étrangers en situation irrégulière.

 

 

En 1989, au retour de la gauche au pouvoir, la loi Joxe revient sur plusieurs points de la loi de 1981 en libéralisant les dispositions relatives à l’admission et au séjour des étrangers.

 

 

En 1991 et 1992, un nouveau train de mesures est adopté : il tend au contrôle des flux migratoires, en instaurant les contrôles renforcés sur les visas décernés par les consulats, sanctions contre les compagnies aériennes transportant des personnes démunies de documents nécessaires à l’entrée en France, renforcement des contrôles.

 

 

En mars 1993, les élections ramènent au pouvoir une droite plus forte que jamais ; le gouvernement s’empare du problème de l’immigration et fait adopter trois textes : la loi de juillet 1993 modifie le code de la nationalité, celles d’août et décembre 1993 modifient les conditions d’entrée et de séjour des étrangers. La philosophie implicite de ces trois lois est que les étrangers n’ont aucun droit à être en France ni à y demeurer ; ils ne peuvent donc bénéficier d’aucune protection si ce n’est celle que l’on peut, discrétionnairement, leur accorder. Ces textes marquent une régression certaine en donnant aux étrangers une précarité accrue.

 

 

En 1997, la loi Debré accroît les aspects répressifs des lois Pasqua de 1993 : confiscation des passeports, mémorisation des empreintes digitales, accroissement des pouvoirs de contrôle de la police, restriction des pouvoirs du juge en matière de rétention, accroissement des pouvoirs de l’Administration, suppression des garanties de procédure.

 

 

Après mai 1997, au retour de la gauche au pouvoir, la loi Chevènement ne supprime pas un grand nombre de dispositions des lois Pasqua et Debré. Cependant, des assouplissements sont apportés dans l’application de ces lois, en particulier en ouvrant plus largement la porte à des régularisations, mais en maintenant la logique de précarité de la situation des étrangers régularisés, ceux-ci n’obtenant que des permis de séjour temporaires.

 

 

En 2002, retour de la droite : réforme de la législation par la loi Sarkozy de février 2003, qui réforme l’ordonnance de 1945 dans le sens d’une sévérité accrue. De nouveaux délits sont définis par la loi : mendicité, racolage passif. L’objectif est de mettre fin à l’incapacité de l’État à maîtriser les flux migratoires.

 

 

Situation actuelle :

 

L’effort fait par le législateur n’empêche pas l’arbitraire de l’administration de se développer, les droits accordés sont trop souvent privés d’effet par une interprétation restrictive des textes et par la suspicion systématique à l’égard des demandeurs voulant bénéficier de ces droits.

 

 

Pour entrer en France, il faut un passeport et un visa (sauf pour certains pays ayant des accords de réciprocité avec la France ). A ces conditions, l’étranger peut séjourner en France pour une durée de trois mois, sans exercer une activité salariée.

 

 

Ensuite l’obtention d’une carte de séjour, à durée déterminée, pourra être espérée dans les cas suivants :

 

 

-          étudiants ;

 

-          stagiaires,

 

-          scientifiques,

 

-          asile politique

 

-          regroupement familial.

 

 

L’attribution, ou le refus, d’une carte de séjour dépend du bon vouloir du Préfet, et de l’interprétation des textes par l’administration préfectorale. Les preuves demandées pour bénéficier d’un statut sont nombreuses et souvent soupçonnées de faux ou d’avoir été complaisamment établies : certificats médicaux, factures d’achats (pour attester d’une date de présence), certificats d’hébergement, attestations de vie commune (pour les couples), reconnaissance de paternité…. Les motifs d’acceptation ou de refus ne sont pas donnés, ce qui évite toute velléité de recours ou toute tentative de jurisprudence.

 

Dans cette situation, le mouvement des sans papiers est toujours très important. Les situations pour l’obtention de papier sont de plus en plus compliquées et nuisent à la vie familiale, au travail. Dès l’année dernière, un mouvement regroupant des parents d’élèves, des directeurs d’école, des enseignants s’est développé pour défendre les enfants scolarisés dont on veut expulser les parents.

 

 

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