CERCLE DES CHAMAILLEURS
13 décembre 2012
« OSCAR ET LA DAME ROSE », Roman d’ERIC EMMANUEL SCHMITT
Présentation par Yvonne :
Ce roman parle d'un jeune garçon nommé Oscar qui vit à l’hôpital, car il souffre d'une leucémie. Il a dix ans, mais il pense qu’il a l’air d’en avoir sept et que sa tête ressemble à un Crâne d’Œuf à cause de son cancer. Il fait la connaissance de Mamie-Rose, la « dame rose », qui travaille là pour divertir les enfants malades. Elle encourage Oscar à écrire des lettres à Dieu. Ces lettres ont été conservées par Mamie-Rose. Elles décrivent 12 jours de la vie d’Oscar, 12 jours cocasses, poétiques, pleins de personnages drôles et émouvants.
Bien qu’il ne croie pas vraiment que Dieu existe, il le fait et lui demande un vœu par jour. Pour aider Oscar à prendre plaisir au reste de sa vie, Mamie-Rose lui propose de faire la connaissance de chaque étape de la vie en inventant un jeu dans lequel un jour compte pour 10 ans. Dans le reste du roman, quand on parlera de son « âge », Oscar a 10 ans de plus à chaque lettre. Un jour, Oscar entend le Dr Düsseldorf dire à ses parents que sa mort est inévitable. Durant son « adolescence », il tombe amoureux de Peggy Blue, une fille qui a un problème de sang. Oscar prend la décision de la protéger contre les fantômes ; il va la voir et l’embrasse et Oscar demande à Dieu de se marier avec elle. À ses « trente ans », Oscar et Peggy se marient. Peggy est opérée ce jour-là, l’opération est réussie, et là Oscar fait la connaissance de ses « beaux-parents ». Quand ils partent, ils lui confient leur fille. À la fin de cette journée, il a 40 ans. Quand Sandrine raconte à Pop Corn qu’Oscar et elle se sont embrassés, Pop Corn le rapporte à Peggy qui rompt avec Oscar. Puis Brigitte, une trisomique, vient dans sa chambre et l’embrasse. Tout l’étage le traite de cavaleur à cause de ça. Mais Oscar aime toujours Peggy et Mamie-Rose essaye de lui redonner du courage. À la fin de la journée il a 50 ans. Le jour de Noël, Oscar se réconcilie avec Peggy Blue. Quand il voit ses parents il organise sa fugue. Il se cache dans la voiture de Mamie-Rose. Quand il sonne à sa porte après un sommeil dans la voiture, elle est étonnée et elle le persuade de téléphoner à ses parents qui le cherchent. Mamie-Rose lui donne une statue de la Vierge Marie parce qu’Oscar trouve qu’elle ressemble à Peggy. De 70 à 80 ans Oscar passe le temps à réfléchir sur la vie, la mort, Dieu et la foi avec l’aide de Mamie-Rose. Finalement Oscar prend la dette du docteur Düsseldorf qui a des sentiments de culpabilité parce qu’il ne peut pas le guérir. Après, un moment difficile commence pour lui car Peggy rentre chez ses parents. Enfin Oscar reçoit la visite de Dieu. À ce moment-là, Oscar comprend la différence entre Dieu et les hommes. À cent ans, il essaie d’expliquer à ses parents que la vie est un drôle de cadeau. Cette lettre est la dernière d’Oscar. Il meurt, quand Mamie-Rose et ses parents vont prendre un café, parce qu’il veut leur épargner cette vision. Les trois derniers jours, Oscar pose une pancarte sur sa table de chevet, disant «Seul Dieu à le droit de me réveiller.» Finalement, il meurt à « 110 ans ». A noter qu’Eric Emmanuel Schmitt a travaillé comme kinésithérapeute dans une clinique pédiatrique.
Yvonne nous a lu les passages qui lui ont paru illustrer le mieux les derniers jours de la vie d’Oscar.
(Texte rédigé à partir des notes d’Yvonne et de WIKIPEDIA).
Résumé de la discussion par Paul :
Prendre la parole après la lecture d'Yvonne de quelques extraits des lettres à Dieu d'Oscar dans les douze derniers jours de sa courte vie est un exercice difficile.
La première question est de savoir si ces lettres « écrites à Dieu par Oscar » emploient ou non un langage d'enfant. A certains, cela paraît comme très fabriqué. Mais le défi pour l'auteur est encore plus grand car, sur les conseils de Mamie-Rose, Oscar doit chaque jour vivre 10 ans avant d'arriver au terme de sa vie.
Dans chaque lettre, Oscar raconte à Dieu l'événement de la journée alors qu'il a 10 ans le premier jour, 20 ans le deuxième jour, 30 ans le troisième... Et son langage est-il alors celui d'un enfant de 10 ans, de 20 ans... décrivant de nouveaux événements en rapport avec son âge à ce moment là : par exemple son « adolescence », son mariage...
Ou bien ce langage, plus mature, est-il celui d'un enfant qui se sait gravement malade.
Les expériences de chacun sur la question sont rares... L'un pense que ces lettres d'un enfant « familiarisé » avec la mort a de quoi rendre optimistes les adultes pessimistes parce que effrayés par cette perspective inéluctable et difficilement admise...
Un autre a connu un enfant qui, se sachant atteint d'une maladie mortelle, ne comprenait pas pourquoi lui...
Oscar assume sa maladie et sa mort prochaine ce qui lui permet de changer son regard sur les relations qu'il a avec les adultes qui ne comprennent rien, en dehors de Me Rose, et qu'il ne comprend pas toujours. Le docteur Dusseldorf est soucieux et Oscar se sent coupable car il estime que c'est de sa faute, sa maladie s’étant aggravée malgré le traitement... Il déteste ses parents qui ont peur de l'embrasser et il se sent plus proche d'eux quand il apprend que eux aussi, un jour, mourront...
Certains ont pensé à « la vie devant soi » qui raconte la vie, très vivante, d'un enfant de Belleville et de Me Rosa, la prostituée au grand cœur... Mais ici le langage n'est pas celui de l'enfant mais celui particulièrement inventif de Émile Ajar (Romain Gary).
Ou à une séance antérieure du Cercle des Chamailleurs (« Où on va, papa ? » de Jean-Louis Fournier), livre autobiographique qui parle des relations entre un père et ses 2 enfants handicapés. Mais ici, c'est le père qui écrit avec un certain humour grinçant.
Ce livre raconte la fin d'une jeune vie, dramatique mais sans pathos, avec quelquefois quelques notes d'humour. Peut-être nous apprend-il que la mort fait partie de la vie. Même si ce n'est pas suffisant pour rendre tout le monde optimiste face à la mort et encore plus face à la mort d'un enfant.